Iboga

À la suite vient le vin d'honneur coutumier. Le Boss a plusieurs fois confié à Gustave qu'il s'agit selon lui des moments les plus importants des campagnes, boire un verre, même si on n'en a aucune envie, pour ne pas paraître bégueule, tenir des discussions animées avec des hommes et des femmes qu'on ne reverra probablement jamais, même si on n'a rien à leur dire, paraître à tout moment intéressé et intelligent, ouvert et souriant, séduire sans être pour autant trop proche, sans pour autant que ça se voie, voilà quelle est la gageure, celle que neuf candidats sur dix ne parviennent pas à surmonter. Les journalistes et les médias n'en ont que pour le fond. Le programme, les idéologies, les idées. Ils oublient que le fond, tout le monde ou presque s'en moque. Ce qui fait le vainqueur, ce qui les départage, c'est uniquement la forme. Le sourire, les bises, les attitudes. La tenue de la fourchette et la façon de trinquer.
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samedi 20 avril

Contenu

Roman - Noir

Iboga

Prison - Assassinat MAJ vendredi 16 février 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Christian Blanchard
Paris : Belfond, janvier 2018
298 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7144-7833-7
Coll. "Noir"

Derniers jours d'un condamné

1980. Jefferson Petitbois est condamné à mort pour une série d'actes innommables. Or "Jeff le nègro", comme l'appelle l'immonde maton en chef de la prison, va avoir le premier coup de chance de sa vie d'enfant trouvé lorsque, après l'élection présidentielle, la peine de mort est abolie [À ce sujet, lire La Revanche de la guillotine : l'affaire Carrein, une histoire véridique similaire - NdR]. Le voilà devenu le dernier condamné à la "Louisette", la guillotine, reléguée aux poubelles de l'histoire. Mais il reste condamné à perpétuité, lui qui était à peine majeur lors de son incarcération. Jeff se souvient peu à peu, son esprit libéré de l'Iboga, cette drogue naturelle que lui donnait Max. Max, son père adoptif, celui qui l'a sauvé de la mort, mais aussi celui qui fut l'ordonnateur de ses crimes et qui l'a payé de sa vie. Mais que s'est-il vraiment passé ?
Ce roman de Christian Blanchard pose la question devenue maintenant rituelle de savoir s'il doit s'inscrire dans une littérature noire ou blanche. Il est difficile de trancher tant ce roman évoque plus Les Derniers jours d'un condamné de Victor Hugo que le traumatisant Meurtres pour rédemption de Karine Giébel. On pourrait même penser à Meursault, le personnage de L'Étranger, d'Albert Camus car le narrateur de Christian Blanchard semble exister en décalage avec sa propre vie rythmée par les brimades, et qu'il apparait comme un frère de cœur de son illustre prédécesseur. La forme choisie est celle du "monologue intérieur" cher à James Joyce, soutenu par une langue à la fois factuelle et très travaillée qui rend l'étouffement carcéral mais sait éviter la monotonie que pourrait engendrer l'exercice. Comme avec l'héroïne du Meurtre pour rédemption précité (référence incontournable dès que l'on parle de prison), le lecteur développe des sentiments ambigus envers le narrateur à la fois victime et bourreau, puisqu'il n'y a aucun doute sur l'horreur de ses crimes. Un roman à part donc, dont il ne faut pas attendre les éléments d'un thriller industriel haletant. C'est plutôt une belle étude d'un personnage décalé non dépourvue d'un certain onirisme, qui laisse planer un doute sur la véracité des événements, et qui nous évite les pseudos-retournements de situation faciles. C'est un choix courageux de la part de Christian Blanchard qui court le risque d'aliéner certains lecteurs et surtout de s'attirer la sympathie d'autres, plus exigeants...

Citation

Le psy a pourtant raison sur un point : mes actes n'ont pas changé le passé. Par contre, ils ont forgé mon avenir.

Rédacteur: Thomas Bauduret vendredi 16 février 2018
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