Toutes blessent, la dernière tue

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vendredi 29 mars

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Roman - Thriller

Toutes blessent, la dernière tue

Tueur en série - Enlèvement - Horreur-gore MAJ lundi 14 mai 2018

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Public averti

Prix: 21,9 €

Karine Giébel
Paris : Belfond, mars 2018
736 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7144-7950-1

Monstres (peu) ordinaires

Elle s'appelle Tama, ou plutôt c'est ainsi que l'appellent ceux qui l'ont arrachée au bled, au Maroc, embobinant son père avec des promesses de vie meilleure dans l'Hexagone. Sauf que Tama ne va pas à l'école. Elle vit dans une buanderie, trime du matin au soir et se prend des coups. Tama, qui a neuf ans... Il s'appelle Gabriel et habite seul dans un désert du côté de Florac. Retiré volontairement du monde pour expier ses fautes. Tenter d'oublier, aussi, une mystérieuse Lana qui n'est plus de ce monde. Un jour, l'exilé tombe sur une jeune femme accidentée, blessée et amnésique qui d'abord tente de le voler, mais qui n'est pas en état de repartir. Alors Gabriel s'occupe d'elle sans trop y croire. Mais pas par altruisme. Gabriel sait qu'à un moment ou à un autre, si elle ne succombe pas à ses blessure, il devra se débarrasser de l'inconnue. Il creuse même sa tombe dans les bois. Car Gabriel est un meurtrier, exerçant une vengeance implacable. Et rien, pas même une jeune femme en détresse, ne se mettra sur son chemin...
Après un De force décevant qui faisait craindre un essoufflement de Karine Giébel, cette dernière revient à ce qu'elle fait de mieux accompagné du style viscéral de Meurtres pour rédemption, son chef d'œuvre à ce jour. Ce qui signifie que l'on peut attendre des critiques sur le sujet habituel, surtout depuis le très complaisant Purgatoire des innocents, et son rapport avec la violence. On ne peut parler d'un équivalent littéraire du torture porn (cette excroissance du film d'horreur généralement détestée par les fans du genre — dont votre humble serviteur — visant à flatter les bas instincts du spectateur en prenant le point de vue des tortionnaires et non des victimes) : nul doute que l'on est du côté de cette esclave moderne du début à la fin (encore que, on se demande comment elle sait tenir une maison à neuf ans, sinon par science infuse, tout comme certaines réflexions qui nous semblent un peu trop mûres pour son âge et son isolement, ce qui nuit à l'identification), mais même dans un désir louable de dénonciation, faut-il pour autant infliger au lecteur des pages et des pages de tortures physiques et mentales envers une enfant, même bien après qu'on ait compris leur finalité ? Il y a sans nul doute une volonté bien établie chez Karine Giébel de motiver nos instincts pervers. D'autant plus que cela ne l'empêche pas de continuer à taper sur le clou bien après qu'il soit enfoncé jusqu'à la garde. Dans un tel contexte, il ne faut pas espérer une fin heureuse... Il serait dommage de se limiter à cet aspect, car Karine Giébel sait toujours présenter ces personnages fracassés, des victimes de l'existence pour qui elle force la sympathie. Et elle prend ce gros risque courageux de nous présenter également un personnage de mère monstrueuse, au-delà de toute rédemption, ce qui est rare chez elle. Un personnage qui ne correspond guère à la doxa actuelle des mères-courages forcément douces, pures et irréprochables. Quant au style, il continuera de partager, mais on ne peut nier que Karine Giébel ne manque pas d'originalité, ni de souffle sur ces plus de sept cents pages horrifiques qui sont à n'en pas douter pour un public averti !

Citation

Dans un sombre cauchemar, j'ai vu le jour se lever. Encore un jour à supporter. J'aurais voulu la nuit, Celle qui tombe sur vous de manière définitive. Mais la mort décidément ne veut pas de moi.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 14 mai 2018
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