Le Loup d'Hiroshima

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mardi 19 mars

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Roman - Noir

Le Loup d'Hiroshima

Disparition - Mafia - Corruption - Gang MAJ mercredi 25 juillet 2018

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Yûko Yusuki
Korô no Chi - 2015
Traduit du japonais par Dominique Sylvain, Frank Sylvain
Paris : Atelier Akatombo, juin 2018
320 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-37927-001-7
Coll. "Policier"

Hiroshima Noir

Premier roman japonais publié par l'Atelier Akatombo lancé par l'auteur de polars Dominique Sylvain, associée pour l'occasion à Frank, son mari, parfait bilingue (ils ont d'ailleurs traduits ensemble l'ouvrage), Le Loup d'Hiroshima, de Yûko Yuzuki, est une plongée froide et crue dans le monde des yakuzas et de la police criminelle forcément corrompue. L'histoire débute à l'été 1988 avec l'arrivée du jeune lieutenant Shûichi Hioka comme second du commandant Shôgo Ôgami du commissariat de Kurehara Est. Ôgami est tout sauf un tendre. Il a ses propres manières que lui seul peut comprendre. Il suit sa propre morale que lui seul peut comprendre. Mais il a des résultats. Ôgami c'est la version japonaise de Michel Neyret, cet ancien directeur-adjoint à la direction inter-régionale de la police judiciaire de Lyon tombé pour avoir observé avec confusion la frontière entre légalité et illégalité, mais avec un panama sur le chef et une cigarette Peace à la commissure des lèvres. Ôgami c'est aussi un homme qui boit la nuit au bar d'Akiko, une hôtesse de nuit, de façon nostalgique et destructrice des litres de saké avant de s'écrouler chez lui et de se réveiller en milieu de matinée puis de reprendre son combat routinier. Pendant ce temps, dans la banlieue d'Hiroshima, la guerre des gangs se met en place comme les pièces d'un jeu de shôgi. Jirô Uesawa, le comptable de Kurehara Finance, a disparu. La police soupçonne un enlèvement, voire un meurtre. Mais qui serait à l'origine du rapt ? C'est là qu'intervient Ôgami, le seul policier à se mouiller car une ville a besoin d'ordre, et les yakusas sont des alliés de circonstance. Les yakuzas fonctionnent comme toutes les mafias : en clan avec leurs propres codes dont certains sont communs. À Kurehara, le nouveau gang Kakomura est sous la coupe du puissant gang de l'Irako qui lorgne sur le territoire. Et dans cette intrigue, il entend mener la vie dure au gang Odani avec lequel Ôgami entretient des liens troubles. De bras ferme de la justice, Ôgami va se transformer en emblème plénipotentiaire, et surtout s'attirer progressivement l'admiration de Hioka. Mais Yûko Yuzuki ne se contente pas de proposer une enquête classique digne d'un film américain des années 1970 avec passage de témoin entre un vieux flic proche de la retraite, qui joue le rôle de mentor, et un jeune prometteur. Son roman décrit les arcanes sanglantes des clans yakusas et les jeux politiques ombrageux des officiers de police et des politiques auxquels ils sont liés. Surtout, elle rend ses personnages sympathiques alors qu'ils évoluent dans un monde entre ceux de James Ellroy et de David Peace, où derrière une intrigue complotiste se trouve un autre complot avec son tenant de sordide. La mise en page du roman est l'une des pièces du puzzle qui s'assemble sous nos yeux. Ôgami est un être complexe, mais entier. Alors il nous est sympathique. Hioka est un jeune homme qui fait sans cesse évoluer sa perception des choses et qui a une certaine vision de la droiture et de la fidélité. Alors il nous est sympathique. Et Akiko, elle est la seule véritable personnage féminin de ce roman. Elle est bien entendu l'une des pièces angulaires du puzzle. Son intégrité associée à sa nature d'écorchée vive la rendent elle aussi sympathique. Pourtant, ce trio atypique a lui aussi ses parts d'ombre qui vont se dégager les unes après les autres au risque de l'exploser. Le final est à la hauteur de l'intrigue, avec sa dose de moralité (ou d'immoralité, c'est au choix du lecteur). Là aussi, l'équilibre se doit de ne pas être mis en danger pour que la société avance. Grand Prix de l'association des écrivains japonais de littérature policière en 2016, Le Loup d'Hiroshima a été également adapté au cinéma cette année par Shiraishi Kazuya. C'est un très bon roman d'une auteure que l'on aimerait retrouver très vite au catalogue de l'Atelier Akatombo !

Citation

Laisser Bizen, l'auteur principal des coups de feu, s'échapper était tout bonnement se faire complice d'un crime. Où donc le commandant pensait-il s'arrêter sur la route de l'illégalité ?

Rédacteur: Julien Védrenne mercredi 25 juillet 2018
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