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Roman - Policier

Haine pour haine

Politique - Social - Procédure MAJ lundi 04 mai 2020

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 8,1 €

Eva Dolan
Tell No Tales - 2015
Traduit de l'anglais par Lise Garond
Paris : Points, février 2020
448 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-7368-7
Coll. "Policier", 5127

Du racisme en politique

Dans l'Angleterre contemporaine, les tensions sociales et raciales sont exacerbées. Autrefois, l'exutoire pouvait encore exister grâce aux hooligans et aux matchs de football. Mais aujourd'hui que les clubs sont sponsorisés par les émirats et que les places sont hors de prix, il ne reste plus grand-chose pour la fierté des supporters de base, à part se saouler le week-end et traîner dans les rues à la recherche d'un étranger à tabasser, histoire de se défouler. Certains hommes politiques d'extrême-droite britanniques aiment bien s'appuyer sur cette masse de muscles prête à tout mais, lorsqu'on est en pleine campagne électorale, il vaut mieux se faire discret, car il est parfois difficile de justifier des meurtres ou des tabassages en règle, et la populace est parfois raciste mais pas au point d'accepter de voir des taches sanglantes dans son journal télévisé. Aussi, le futur député local de la commune de Peterborough use de tout son influence pour ne pas voir se déchirer les banlieues en cette période où il a tout à gagner. Il est donc bien embêté lorsque des crimes qui pourraient être racistes commencent à se produire dans sa circonscription. Le premier meurtre pourrait prêter à discussion car il s'agit d'une voiture qui a foncé sur des gens à un arrêt de bus, le suivant est moins sujet à caution. La brigade policière chargée plus particulièrement de l'enquête, la section des crimes de haine, va essayer de démêler les fils de cette enquête complexe car les victimes étant étrangères, parfois clandestines, il est difficile de se faire une idée sur leur identité et de pouvoir communiquer avec d'éventuels témoins ou connaissances. Cela devient encore plus compliqué lorsqu'il apparaît que le tueur raciste n'agit pas forcément seul, qu'il connaît les méthodes policières et se permet d'aller se signaler devant les caméras de surveillance, mais sans être reconnaissable, par un salut nazi. L'inspecteur Zigic et sa partenaire, le sergent Ferreira, vont devoir agir avec efficacité et célérité.
Enquête classique, associée à un style classique lui aussi, qui mélange diverses pistes, et qui s'appuie sur le travail de terrain de la police. Le roman d'Eva Dolan s'inscrit dans la tradition du polar qui mélange à la fois des éléments procéduraux et une description aiguisée de la société, ou d'une partie de celle-ci. Ici, il s'agit des relations tendues entre la communauté britannique et les différentes vagues d'immigration, qu'il s'agisse d'autre Européens, pas forcément bien vus, puis d'exilés plus lointains géographiquement, à la fois détestés par les "indigènes" et par les vagues précédentes qui ont réussi à s'installer, mais sont parfois encore dans la précarité. L'envers du décor avec les politiciens qui profitent de cette haine pour gagner des voix est esquissé dans ce cadre général, où l'intérêt policier peut être contrebalancé par les considérations politiques ou celles plus cyniques du gouvernement et des services spéciaux. Les personnages bien dessinés permettent de créer une tension qui crée l'histoire, même s'ils n'ont pas l'ampleur et la vitalité de certains de leurs prédécesseurs, sans réelle profondeur, autre que celle qui leur permet de rendre crédible l'histoire. Un honnête roman dans la bonne moyenne de la littérature policière.

Citation

À 5 heures du matin, on repérait facilement quelles maisons étaient habitées par des Anglais. Aucun signe de vie à l'intérieur. Aucune obligation de se lever avant au moins deux heures.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 04 mai 2020
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