Banditi

Il savait pourtant bien que c'était la règle du jeu. Un instant on profitait bien de la flexibilité qu'un régime corrompu pouvait offrir, et l'instant d'après on se retrouvait soi-même le couteau sous la gorge. C'était une chose de le savoir, et c'en était une autre d'en faire l'expérience.
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jeudi 28 mars

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Roman - Noir

Banditi

Hard boiled - Disparition - Insulaire MAJ mercredi 10 juin 2020

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Antoine Albertini
Paris : Jean-Claude Lattès, mars 2020
382 p. ; 21 x 13 cm
ISBN 978-2-7096-6616-9

À Corse perdue

Oscar Corsini, soixante-quatorze ans aux fraises, était un caïd en retraite, un grand spécialiste du trafic de drogue ayant hérité des secrets d'un expert du raffinage et qui étendit dans le monde entier son empire de la poudre blanche. Or contre toute attente, ce n'est pas une balle qui mit fin à sa carrière, mais une vulgaire piqûre d'abeille... Cependant, Oscar Corsini était aussi celui qui tenait le milieu local et, à sa mort, il est fort probable que l'on va s'entre-déchirer pour sa succession... C'est dans ce contexte que notre narrateur anonyme, ex-policier devenu détective privé, est chargé par Fabien Maestracci de retrouver son oncle, un vieillard du nom de Baptiste Maestracci, habitant un village reculé. Le comportement du chien des gendarmes, chargés dans un premier temps de rechercher le disparu, entraîne notre héros vers le palazzu Angelini, une maison abandonnée à l'orée du village. C'est là, dans une cabane, qu'il découvre un cadavre momifié, manifestement assassiné : il a le crâne enfoncé et les mains entravées dans le dos. Un cadavre qui n'est pas celui du vieillard... Fabien Maestratti, tout rangé des voitures qu'il soit, avait un fort passif de militant nationaliste. Une affaire qui va mener directement au douloureux passé de l'île de Beauté qu'une génération, sous couvert de lutte armée, a laissé dépérir...
Retour de notre ancien policier placardisé de Malamorte, ici devenu détective privé. Mais le personnage essentiel de ce roman, comme le précédent, est certainement cette Corse que l'auteur, Antoine Albertini, connaît bien. Ah, la Corse, les plages, le soleil, les villages, la nature !... Hein ? La chronique ? Boufre ! Quelle chronique ? Ah oui ! La chronique... Antoine Albertini dresse un portrait de cette île loin des clichés. Comme le dit son personnage, "nous avions accepté que cette île devienne ce qu'elle était en train de devenir, un cul-de-basse fosse, un cloaque à ciel ouvert, nous ne pouvions nous en prendre qu'à nous-mêmes, et à l'État, aussi, qui n'y avait rien compris, ne voulait rien y comprendre". Un portrait au vitriol, sans complaisance, teinté bien sûr d'un véritable amour pour cette terre et ses habitants. L'auteur fait aussi renaître la figure tutélaire du détective privé miteux, confit dans l'alcool pour une femme fatale, toujours prêt à se prendre des coups et à les rendre sans pour autant tomber dans le cliché du dur-à-cuire. Bien sûr, comme dans le roman précédent, l'intrigue est à la fois classique et embrouillée comme il se doit, respectant en cela la tradition, même si elle eût gagné à être un peu plus ramassée. L'argument massue de l'auteur est certainement son style vivant et imagé, cherchant plus la nostalgie que le pittoresque, maîtrisé au point de refuser toute affèterie. De temps en temps, cela fait du bien de revenir aux fondamentaux du genre...

Citation

N'ayant rien à tirer de tout ce cirque qu'un peu de pognon, je mettais dans mes rapports toute la conscience professionnelle dont j'étais encore capable en feignant d'oublier que ma prose, mes constatations, les photos au téléobjectif que j'y annexais scrupuleusement, les dates et les heure, tout ce jargon et ces habitudes d'ancien flic n'avaient aucune valeur légale et ne servaient qu'à alimenter ma nostalgie masochiste envers le métier qui m'avait tout donné, tout repris et laissé sur le carreau.

Rédacteur: Thomas Bauduret mercredi 10 juin 2020
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