Le Cinquième cœur

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vendredi 29 mars

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Roman - Policier

Le Cinquième cœur

Pastiche - Enquête littéraire - Victorien MAJ vendredi 13 novembre 2020

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Dan Simmons
The Fifth Heart - 2015
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Cécile Arnaud
Paris : Robert Laffont, octobre 2020
572 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-221-21869-3

To be or not to be

Dan Simmons est un écrivain réputé dans les domaines de la science-fiction et du fantastique avec pour points d'orgue deux romans marquants - Hypérion, de la pure S.-F. et L'Échiquier du mal, un roman fantastique qui m'a marqué à vie. Le Cinquième cœur est un roman policier mettant en scène le fameux locataire de Baker Street, Sherlock Holmes, ainsi qu'Henry James, le non moins fameux écrivain anglo-américain connu pour son écriture sophistiquée et son penchant au réalisme à la française. Le roman se déroule en 1893, c'est-à-dire entre la "mort" de Sherlock Holmes aux chutes de Reichenbach et sa résurrection. Nous le croiserons d'ailleurs dans la peau de l'explorateur norvégien Jan Sigerson, rôle qu'il endossera avec élégance. C'est au bord de la Seine que le destin des deux hommes va s'entrecroiser. Henry James est désespéré de la mort de proches et de son insuccès théâtral. Quant à Sherlock Holmes, il s'interroge : ne serait-il qu'un personnage de fiction ? La rencontre entre deux hommes bien différents de comportements puisque Henry James baigne dans la grande bourgeoisie anglaise et américaine et que Sherlock Holmes... est Sherlock Holmes n'est pas sans incidents.
Nos deux compères vont naviguer de conserve pour les États-Unis. Sherlock Holmes se doit de résoudre deux affaires. En premier lieu, le décès de Marian Hooper Adams, un suicide au cyanure aux relents étranges et pour lequel il a été recruté à prix d'or par un ami de la victime aujourd'hui décédé. Et, en second lieu, un complot international visant les chefs d'État de toutes les nations "civilisées", et qui aurait pour cerveau un certain Moriarty. Comme quoi les chutes de Reichenbach sont beaucoup moins mortelles que l'on pourrait l'imaginer. Le pauvre Henry James est bien à la peine de se trouver confronté à ces deux histoires extrêmement vulgaires, et tente par tous les moyens de se soustraire à l'influence de ce bien encombrant "ami".
La narration est, à quelques rares exceptions près, le fait de ces deux protagonistes. Étonnant donc de voir le cheminement de Holmes sans le filtre des récits de Watson auquel Henry James ne souhaite en aucun cas être comparé. Un narrateur bref et épisodique est l'auteur lui-même qui, par exemple, explique qu'il n'est pas adepte du changement de narrateur alors qu'il abuse sans vergogne du système et parfois se dédouane du fait de ne pas savoir où se trouvait tel personnage de son roman et s'en excuse auprès du lecteur. Les descriptions sociales de la grande bourgeoisie de Washington sont d'une effarante et inquiétante justesse. Mais les nantis de l'époque avaient pour amis des lettrés qu'ils accueillaient avec une spectaculaire hospitalité pour pouvoir jouir de leurs bons mots. Dans cette veine, ne ratez surtout pas le repas décrit dans le chapitre 4 de la deuxième partie où sont décrits habits, repas, vins et conversations avec une lucidité incroyable et qui résume à merveille ces "salons" intellectuels de l'époque. Quelques bonnes surprises concernant le canon holmésien : Sherlock Holmes est anti-raciste, des rencontres avec Theodore Roosevelt, Ruyard Kipling, et un hilarant Mark Twain. Quelques autres, surprenantes, que je ne dévoilerai pas dans cette chronique, ayant rapport avec "l'infâme Moriarty" et "la délicieuse Irène Adler". Mark Twain qui, avec un autre personnage singulier lors de l'exposition universelle de Chicago, donneront des éléments de réponse au questionnement de Holmes sur son statut de personnage de fiction. Le même Mark Twain s'interrogera même avec Henry James : si Holmes est un personnage de fiction, du coup, n'en est-il pas de même pour eux ? Un personnage important de la narration est l'exposition universelle de Chicago de 1893, inaugurée le 1er mai et point d'orgue du roman. Exposition qui vit naitre l'un des premiers tueurs en série de l'Histoire qui tua près de deux cent personnes : un certain H. H. Holmes... (Lire Le Boucher de Chicago, de Robert Bloch à ce sujet). Loin de proposer un roman humoristique, plutôt un roman policier "social", Dan Simmons ne manque pas de laisser percer çà et là quelques légères pointes d'humour dans ce récit dense et érudit.

Citation

'Bon sang' marmonna Holmes sans prononcer les mots.

Rédacteur: Jean-Hugues Villacampa vendredi 13 novembre 2020
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