La Mère noire

Et là, quelque part dans l'infini immaculée de la toundra, au cœur du Yukon, dans la neige crispée par le froid, Jones, qui a dû se réveiller à la nuit, va au-devant de son destin. Il sait sans doute que, dans l'heure qui vient, le Bellanca sera à ses trousses.
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Roman - Noir

La Mère noire

Social - Enquête littéraire - Road Movie MAJ lundi 22 mars 2021

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 15 €

Jean-Bernard Pouy & Marc Villard
Paris : Gallimard, février 2021
144 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-07-291637-3
Coll. "Série noire"

Entre douceur et amertume

Jean-Bernard Pouy et Marc Villard, deux auteurs piliers du roman noir français, avaient publié il y a quelques années trois Objets Littéraires Non Identifiés, autant de recueil de nouvelles qui se répondaient, comme une sorte de Ping pong (c'est d'ailleurs le titre d'un des volumes aux éditions Rivages). Aujourd'hui, ils nous reviennent à la "Série Noire" avec deux novellas qui se recoupent avec un angle intéressant, la grande absente du premier texte, madame Godot, devenant le centre du second. Dans "L'Art me ment", le premier écrit, Jean-Bernard Pouy fait un énorme clin d'œil à Raymond Queneau. Non seulement son héroïne est en train de lire Zazie dans le métro, mais elle partage avec le personnage un air de famille. Dans le roman de Raymond Queneau, Zazie cherchait désespérément à voir le métro, mais ce dernier était en grève. Ici, ce sont des cheminots qui font du chahut mais ils se déplacent dans un train, dans lequel montent la jeune fille et son père, peintre qui s'est acheté une gare désaffectée. Le monde a changé depuis ce brave Raymond et les grèves ne se déroulent pas aussi bien aujourd'hui : notre jeune amie en fera la triste expérience. Dans la vie de ce couple improbable, on attend le retour de la mère, partie depuis des années effectuer un voyage en Inde, d'où elle envoie des cartes postales. Le deuxième texte s'intitule Véro et est signé Marc Villard. Ça tombe bien car Véronique c'est le nom de la mère virant hippie. L'auteur va nous raconter sa vraie vie depuis son départ du nid conjugal, loin du rêve des plages lointaines de l'Inde, mais peut-être plus conforme à la dérive possible de certains hippies avec petits boulots, maisons de repos, drogue, coups foireux, et caravanes sur la plage, comme goût de vacances. Du coup ces deux récits nous remettent en mémoire les thèmes habituels des deux auteurs - jeux de mots (comment lire le titre même du livre ?), amour des trains, sens du social -, vu avec l'œil du quotidien dans cette épopée sur une voie de garage d'un train de la dernière chance pour l'un et personnage perdu, jouant sa vie sur un fil, funambuliste de sa propre destinée pour l'autre. Mais la même passion pour décrire des gens comme tout le monde, des êtres ballottés par la vie, essayant de la vivre comme ils peuvent avec leurs petits rêves et aussi leurs mensonges pour agrémenter le quotidien. De fait La Mère noire c'est surtout pour le lecteur, l'assurance du simple mais réjouissant plaisir de retrouver deux auteurs qui nous emmènent avec eux dans un univers très particulier.

Citation

Dans notre voiture, ça chauffait de plus en plus. Hurlements, slogans à répétition et fanfare. On avait l'impression que tout le monde s'approchait à deux à l'heure, de Paris, pour foutre le feu à la République. Il y avait encore des éléments qui se croyaient responsables, pour expliquer le pourquoi du comment, et la justesse de l'expédition.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 22 mars 2021
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