La Clé du sang

La réponse de l'épouse (donc première suspecte) est couverte par un orchestre de douze mariachis mexicano-colombo-zoulous, avec moult cordes, chants et trompettes qui, du fond du salon, entame un air patagon pour fêter le nouvel an chinois. Je ne m'en formalise pas car l'orchestre est bon et le taux d'humidité idéal.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Thriller

La Clé du sang

Psychologique - Gothique - Prétoire MAJ jeudi 11 août 2022

Note accordée au livre: 1 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,9 €

Ruth Ware
The Turn Of the Key - 2019
Traduit de l'anglais par Héloïse Esquié
Paris : Fleuve, mai 2022
392 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-265-15493-3
Coll. "Fleuve noir"

Retour d'écrou

Depuis la prison de Charnworth, au fin fond de l'Écosse, Rowan Caine, la narratrice, écrit à un avocat réputé du barreau en le suppliant de s'intéresser à son affaire : accusée de meurtre, elle clame son innocence. Tout a commencé lorsqu'elle a répondu à une petite annonce : la richissime famille Elincourt cherchait une gouvernante pour ses quatre enfants. Un travail particulièrement bien payé, mais qui nécessitait d'aller s'installer à Carn Bridge, un trou perdu au fin fond de l'Écosse où la famille résidait dans l'immense domaine de Heatherbrae, un manoir doté du dernier cri technologique. Sauf que quatre autres gouvernantes étaient déjà parties précipitamment et que la demeure a la réputation d'être hantée. Heureusement que Rowan ne croyait pas aux fantômes, qui n'existent pas. N'est-ce pas ?

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le précédent roman de Ruth Ware ne nous avait pas convaincu, et ce n'est pas ce laborieux opus qui va nous faire changer d'avis. D'abord, vous aviez peut-être aimé ce roman lorsqu'il s'appelait Le Tour d'écrou d'Henry James, près d'un siècle plus tôt, quelques centaines de pages en moins et en mille fois plus intéressant. La forme épistolaire tente d'émuler en vain celle du journal du roman classique, mais cela veut dire que la narratrice se croit obligée de tout raconter dans ses moindres détails. Soit une série de phrases courtes au départ pour doper le nombre de pages, ensuite cent autres pour en arriver à avoir ce poste sans lequel il n'y a pas d'histoire... Lorsqu'à la cent cinquantième page, l'auteure/narratrice dit : "Je sais que mon récit s'éternise. Et je me rends bien compte que vous devez vous demander quand je vais en venir au fait", le lecteur ne peut que soupirer devant un tel assaut de lucidité... La façon qu'a Rowan Caine de dire "Tenez bon, ça va se corser" sans que rien n'arrive donne à penser que l'auteure elle-même n'est pas convaincue par sa propre histoire, et si l'auteure ne l'est pas, pourquoi voulez-vous que le lecteur fasse l'effort de s'y intéresser ? Ah ! Il y a cet aspect histoire de fantômes promis, mais on se contente de reprendre les clichés les plus éculés des sous-produits Blumhouse en pensant terrasser le lecteur : des pas retentissent au plafond (Gark !), des lettres se forment toutes seules dans l'alphabet d'une soupe (Iiiiik !), une poupée effrayante façon Annabelle fait son apparition, mais juste pour faire acte de présence (Vite, une chaise, je vais m'évanouir...). Après des centaines de pages à continuer de prédire qu'il va bientôt se passer quelque chose (Si, si, promis !), on nous balance un twist surgi de nulle part, mal annoncé, ne servant pas vraiment l'intrigue et, vu le format, relevant de la rétention d'information. Et évidemment, la fin rationnelle (qui laisse bien des points en suspens. Il faudrait nous dire comment des mots peuvent se former à partir de l'alphabet d'une soupe par opération du Saint Esprit — ce qui serait au moins une explication...) est d'une telle simplicité que l'on se demande bien pourquoi on a passé tant de temps à l'attendre, surtout qu'elle fait précipitée (un comble après tant de délayage !). "Oserez-vous entrer ?", dit l'accroche : si c'est pour avoir l'impression que l'auteure se paie la fiole du lecteur avec un pétard mouillé d'un tel calibre, on peut décemment se poser la question.

Citation

Ne voulez-vous pas savoir ce qui s'est passé, monsieur Wrexham ? J'en aurais envie, à votre place.

Rédacteur: Thomas Bauduret jeudi 11 août 2022
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