Jusqu'à la corde

Il restait vigilant, faisait ses transactions, cuisinait la ragougnasse de Bright, vérifiait la propreté du parc, souriait aux vieilles dames et une fois de temps en temps emmenait Kyle au Stumbler pour qu'il fasse la risette aux flics.
John Brandon - Little Rock
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

La Cité sous les cendres
Dix ans ont passé depuis que Danny Ryan et son fils ont dû fuir Providence et la vengeance d'une fami...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

lundi 14 octobre

Contenu

Roman - Policier

Jusqu'à la corde

Social - Énigme - Assassinat MAJ vendredi 08 septembre 2023

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,9 €

Lionel Destremau
Paris : La Manufacture de livres, septembre 2023
384 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-38553-009-9

Un univers si proche et si lointain

L'inspecteur Filem Perry et son nouvel adjoint Mayid Frin (qui parfois doute des réelles compétences de son mentor) sont chargés d'une nouvelle enquête. On vient de retrouver dans un coin perdu de la forêt un enfant mort, un petit noir. Les premières interrogations surgissent car personne dans le coin ne semble le connaître, ni même s'inquiéter de la disparation d'un enfant. Enfin, quand une famille se présente, tout devient encore plus confus. Personne n'a l'air de savoir exactement chez quel membre de la famille il se trouvait. Pour certains, il a disparu, pour d'autres il a été enlevé. Seule indice : une petite boîte à musique que l'enfant avait dans une poche. Mais l'inspecteur Perry apprend qu'une voiture a été vue non loin de l'endroit où l'enfant est mort. Et son propriétaire semble être un homme un peu simple, vivant seul, et qui n'aurait aucune raison d'en savoir plus. Seul problème, il a été justement propriétaire d'une usine qui fabriquait ces petites boîtes à musique. Puis l'homme est retrouvé pendu, amenant d'autres interrogations...

Il est particulièrement compliqué de résumer l'intrigue policière de ce nouveau roman de Lional Destremau. L'ouvrage est en effet conçu de telle sorte que les chapitres alternés en dévoilent beaucoup et que le texte ne se construit pas comme une enquête, mais plutôt comme le décor d'une tragédie, où le passé des personnages et leur présent se confondent et créent des effets de miroir. Et puis, Lionel Destremau reprend l'atmosphère sombre qui était celle de son précédent roman pour envoûter le lecteur et le plonger dans une ambiance onirique et pleine de brouillard. L'histoire se déroule entre ce qui pourrait être l'Amérique et l'Europe, mais une Europe étrange où la toponymie des villes est complexe : des noms typiquement italiens ou espagnol côtoient des lieux aux consonances est-européenne. Les personnages eux-mêmes ont des identités qui renvoient à de nombreux pays. Pour complexifier encore plus, s'il est fait référence à deux guerres importantes à quelques années d'intervalle, les personnages disposent de véhicules ou d'inventions qui sont plus récentes. Quand on commence à suivre un personnage, il s'estompe pour que l'on nous raconte une autre vie, sur un autre continent, des années plus tôt. Cette atmosphère étrange et envoûtante, servie par un style maîtrisé, se déroule implacablement jusqu'à la conclusion où le lecteur découvrira tout, remettra en place une intrigue qui a brassé deux guerres, des hommes héroïques et d'autres veules, des affairistes sans scrupules comme des gens à la noblesse de cœur évidente. L'histoire policière, serrée et précise, basée sur des décors un peu brumeux et des références intemporelles, raconte une tragédie angoissante, sur fond de racisme, de volonté de s'en sortir, de milieux interlopes, de prostitution et de boxe, comme dans les grands romans classiques américains du genre, pour offrir un univers singulier, particulier, charmeur et dont il est difficile de sortir. En deux livres presque indispensables, Lionel Destremau marque au fer rouge sa trace dans le monde de la littérature, s'inscrivant dans l'esprit de La Manufacture des livres, une maison d'édition particulière et exigeante, qui nous offre là encore une œuvre plus qu'intelligente.

Citation

L'homme porta alors son regard dans le dos de la chienne, plissant les paupières pour mieux distinguer ce qui s'y trouvait. D'un amoncellement de terre et de feuilles mortes sortait un avant-bras fin et sombre à l'extrémité rougeoyante ; l'avant-bras d'un enfant.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 15 août 2023
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page