Nuz Sombrelieu

Au cours de sa lecture nocturne, pendant laquelle il avait carburé au Red Bull, il avait vu la focalisation sauter d'un point à l'autre comme si le véritable narrateur était une puce. Les histoires étaient à la fois pénibles et délirantes ; au pire, elles ne signifiaient rien, et, au mieux, elles n'en disaient pas assez. Les temps variaient au sein d'un paragraphe (parfois au sein d'une même phrase !) et il lui arrivait souvent d'avoir l'impression que l'auteur n'était pas certain du sens des mots qu'il utilisait. Concernant la grammaire, les pires d'entre eux faisaient passer Donald Trump pour Stephen Fry.
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Nuz Sombrelieu n°1

Fascicule

MAJ vendredi 10 décembre 2010
Visuel de la revue Nuz Sombrelieu n°
Pays : France





Prix: 6,5 €
Nuz Sombrelieu n°1
Octobre 2010
Parution aléatoire
32 p. : 20.00 x 27.00 cm
ISSN

Ce qu'il faut savoir sur la revue
Fantaisie imaginée par Brice Tarvel, "Nuz Sombrelieu - l'Homme au Ventre-de-cuir" relate les enquêtes de la Compagnie des Obligeances, agence Pinkerton (les fiches de renseignement en moins) à la française. Paris, années 1919-1929, un trio de Freaks la compose. À leur tête, Nuz Sombrelieu, un cul-de-jatte ancien contrebandier rescapé en pleine mer de la gueule d'un monstre marin. À ses côtés, Marcelline Hochebois, femme canon de profession, devineresse à ses heures perdues, et Ribert Lucot, contorsionniste, monte-en-l'air et détrousseur de l'Orient Express. Les trois font la tierce. Et se vouent une confiance inaltérable. Installés quai de la Tournelle, ils usent de la Fée verte - l'absinthe comme on l'appelle à l'époque -, n'hésitent pas à se mouiller dans tous les sens du terme (il pleut beaucoup à Paris ; la police représentée par l'inspecteur Guyard n'est pas d'une étincelle réchauffante) et des petites cellules grises résistantes pour partir bille en tête à l'aventure. Ils ne s'effraient de rien, surtout pas du paranormal normal à cette époque, résistent à tous les sarcasmes et finissent par se retrouver au chaud, soldats triomphant d'un certain ordre mais sûrement pas d'une certaine morale. Le tout servi par la plume de Brice Tarvel tout droit issue de cette littérature de genre de la fin du XIXe où le roman gothique a pris son envol. Personnages bien campés ne s'offusquant pas de ce qui peut arriver en ce bas-monde, héros cradingues mais romantiques s'attaquant au mal exotique sous toutes ses formes. Une nouvelle série du Carnoplaste à la fois dans le ton et dans les marges.

Les Prisonnières du silence, premier épisode de la nouvelle fantaisie de Brice Tarvel, nous plongent dans le Paris des années 1920 et des brouettes. C'est en découvrant dans Le Matin, bien installé dans son fauteuil en cuir Chesterfield, dans les locaux de la Compagnie des Obligeances, l'absurde compte-rendu de la résolution imminente de l'enquête sur le vol de cinq Larmes de sang, que Nuz Sombrelieu décide d'entrer en action. Être cul-de-jatte permet d'avoir la tête bien sur les épaules. Force est de constater que l'inspecteur Guyard est un sombre... crétin. "La pluie ne mouille que les imbéciles", c'est avec de telles affirmations, que Nuz Sombrelieu va remonter une piste où il sera beaucoup question de séquestrations, de chlorophorme, de bouches cousues, d'exotisme, d'insectes étonnants (des ancêtres des Martiens de Mars Attack ?), d'évidences esotériques et historiques, de savants fous et d'arnaque.
Qui dit premier épisode, dit "il faut planter le décor". Brice Tarvel s'ingénie donc à nous présenter personnages et lieux comme s'ils faisaient déjà partie de notre inconscient. En trois pages, c'est toute la genèse de la Compagnie des Obligeances qui nous est narrée. Et l'on plonge dans le quotidien de cette compagnie comme dans une nouvelle de Sherlock Holmes. Brice Tarvel a la bonne idée de nous parler des déboires d'une précédentes affaires traitée un peu par-dessus la tête par le cul-de-jatte de service, avant de nous emmener dans un monde à la Adèle Banc-sec, avec un style moins emphatique que celui que l'on trouve dans les autres fascicules du Carnoplaste, avec des noms bien franchouillards, et une intrigue linéaire qui se dévoile peu à peu, et qui ne laisse que peu de pitié aux personnages secondaires, qui sont là pour mourir en souffrant atrocement. Un premier numéro plutôt porté sur le rouge et la pluie, qui s'inscrit là encore dans la vaste entreprise de réinsertion du fascicule lancée par Le Carnoplaste. Une entreprise louable et de qualité. On attend la suite !

Sommaire
"Les Prisonnières du silence", une nouvelle de Brice Tarvel illustrée par Robert Darvel


Auteurs traités : Robert Darvel (Illustration) | Brice Tarvel (Nouvelle)
vendredi 10 décembre 2010

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