Tout est chamboulé dans l'univers de Dortmunder. C'est d'abord ce satané Arnie Albright, receleur haï ou méprisé de tous, de retour d'un club Med, et qui est presque devenu un être sociable. C'est enfin le O. J. Bar & Grill, repaire de la bande de malfrats qui lui est devenu inhospitalier au point de troquer les habitués du comptoir et leurs discussions absurdes contre des mafieux du New Jersey (eux faisant du même coup fi des accords passés avec la pègre de New York !). Rollo, le barman traine son spleen, le bar est à la dérive, et certains vont se faire du fric sur son dos. Arnie leur a amené un casse sur un plateau d'argent. Un millionnaire qui ne peut rentrer en ville sous peine d'être persécuté par ses anciennes femmes et surtout par leurs avocats. Un appartement vide de monde mais plein d'objets d'arts. Seulement, un casse, simple ou pas, eh bien ça se prépare. Et le meilleur endroit reste celui où l'on a ses aises. Donc, faut virer les mafieux. Simple ? Oui… Sauf que pour tous ceux qui connaissent Dortmunder, l'affaire risque fort de se compliquer. Il y a une tentative d'enlèvement qui va déboucher sur un retour au bercail plus tôt que prévu. Mais aussi un nouveau venu dans la bande, et des mafieux qui vont se rebeller (il croyait quoi le Dortmunder, qu'on peut ouvertement se foutre de la gueule d'un caïd ?). Et les satanés impondérables… Et quand on s'appelle Donald E. Westlake, on prend un malin plaisir à les multiplier les satanés impondérables. De l'humour, de l'audace, et, pour une fois, un peu de background comme on dit, voire même un léger pathos. Westlake fait un historique de l'O. J. Bar & Grill, remue un peu nos intestins car ça ne sent pas toujours bon dans cette histoire, mais finit par nous rassurer. S'il y a le lecteur occasionnel qui rira bien voire très bien, il y a aussi le lecteur habitué qui souffrira de voir son univers remis en cause, mais finira par souffler d'aise : rien n'a changé !