CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 16
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ISBN : 978-2-86746-559-8
Nombre de pages : 240
Format : 15x23cm
Année de parution : 2011
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6 / 10

Le Jeu du pendu

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Les meurtres s'enchainent à Queuleu...

À Varange, petite commune fictive non loin de Metz, un meurtrier s'amuse à séparer le bon grain de l'ivraie. Le lecteur a l'avantage d'avoir lu le chapitre introductif et donc d'avoir plusieurs wagons d'avance sur la police. L'histoire tire son intrigue de l'Histoire. Car la Moselle pendant la Seconde Guerre mondiale était allemande. Et sa population très partagée a vécu des drames comme n'en connaissent que les pays en guerre civile. Pour avoir « pactisé » avec les Allemands, Johann a été pendu par des résistants ou assimilés à la Libération. Et c'est sa femme, Mathilde, qui l'a découvert dans un cimetière par une froide nuit devenue soudain glaciale. Des générations plus tard, dans une Moselle économiquement dévastée et géologiquement en train de s'affaisser malgré l'ennoyage des mines de charbon, des mises en scène macabres s'accumulent. Des corps sont retrouvés encastrés dans des failles, un étrange jeu du pendu symbolisé par des bouts de bois se retrouve aux pieds des cadavres. La police est aux abois, mais ses éléments rapportés (l'un vient de la Capitale, une sorte de mise à l'écart temporaire) sont tous eux aussi plein de failles. Et Aline Kiner s'empresse de dépeindre ses personnages tous plus amochés les uns que les autres par une vie qui nous semble crade. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le meurtrier s'en prend à de belle jeunes filles vierges avec un malin plaisir : les tuer et surtout les salir. Dans un roman où la procédure n'est surtout pas de mise, les enquêteurs sont en quête d'Histoire et de ressenti. S'ils courent à la recherche de victimes en survie, ils n'en oublient pas de faire appel à la mémoire collective tout en étant en butte à ces petites gens qui sont d'accord pour parler mais sûrement pas avec tout le monde. Car il faut savoir délier les langues et mettre bout à bout les pièces d'un puzzle éminemment simple. Et si l'assassin revient toujours sur les lieux du crime, que Aline Kiner n'échappe malheureusement pas au portrait du criminel psychologiquement ébranlé, elle réussit à nous captiver avec un petit bijou de roman de terroir.

Article initialement paru le 5 janvier 2011
Publié le 21 mai 2025
Mis à jour le 21 mai 2025
En se levant, Joseph croisa son reflet dans le petit miroir accroché au-dessus de l'évier de la cave. Il avait encore maigri. Ses pommettes saillaient, anguleuses, la peau collée aux os. Un presque mort.
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