Mona Cabriole est-il un penchant féminin et apolitique du Poulpe et une cousine cachée de Nestor Burma ? Tout y est : refaire « Les Nouveaux mystères de Paris » arrondissement par arrondissement (en espérant aller jusqu'au bout, contrairement à Léo Malet !), le principe du un livre/un auteur, le personnage récurrent, plus l'étiquette « rock'n roll » devenue kitsch maintenant que les stars du rock servent à vendre des voitures, comme n'importe quelle marque, ou s'étalent dans les solderies à greluche. Mais ne boudons pas notre plaisir : c'est dans les vieux plats, etc., etc., comme dit la sagesse des nations.
L'intrigue ? La journaliste et critique Mona Cabriole (un nom qui sent bon l'Arletty !) est appelée chez Basile Winkler, chanteur du jeune groupe qui monte Surface Noise (puisque tout groupe de rock littéraire est forcément un succès par décrêt ministériel, on ne s'intéresse jamais aux galériens), où une jeune femme a été retrouvée morte après une nuit de débauche. Lorsqu'elle apprend que la plupart des organes de la victime manquent, Mona devient persuadée que Baze est innocent…
Inutile de dire qu'on ne varie guère du schéma sexe, drogue et rock'n roll (nous présentera-t-on un jour un musicien ou un artiste en général qui ne soit pas paré de toutes les tares ? Ça doit bien exister…), mais qu'importe : c'est joliment troussé, avec quelques passages bien sentis, et le personnage est assez sympathique pour faire passer ces trois cents pages agréablement. Certes, on est loin de la profondeur du Chanteur de Cathi Unsworth, mais ce n'est pas ce qu'on demande à un roman populaire – au sens noble du terme, faut-il le préciser ? – destiné à paraître en poche. Contrat rempli, donc. On attend, en toute logique, un « Poulpe » signé Marie Vindy…