Dargaud publie en cinq volumes l'adaptation du Perroquet des Batignolles, un feuilleton radiophonique de Jacques Tardi et Michel Boujut passé sur France Inter entre 1997 et 1998. Les deux scénaristes avaient planté leur décor à la Maison de la Radio, Stanislas le recrée avec talent et maîtrise.
L'on se retrouve comme dans un bon roman noir porté à l'écran où le héros serait immortalisé par Humphrey Bogart sauf que l'on en est à décrypter des cases avec de nombreuses bulles où le texte foisonne et offre son lot de truculences. L'objet qui va être source de toutes les convoitises n'est pas tant un faucon en or qu'un perroquet du même métal, qui en plus joue la musique de « L'Entrecôte » et cache en son ventre un morceau de bande-son numéroté. Car les canards foisonnent. Tout débute lors d'une émission de radio où une cantatrice invitée parle de son canard musical en or. Elle est retrouvée assassinée le lendemain, le canard envolé. C'est au tour de la ravissante compagne d'Oscar Moulinet d'être agressée. Elle, est présentatrice de la météo marine (quelle voix !), lui preneur de son au faux air de Tintin barbe en plus. Le malfaiteur s'enfuit sans avoir eu le temps de commettre son larcin. Alors Oscar Moulinet décide de ne pas brasser plus de vent que de raison et de partir enquêter. Il récupère d'autres perroquets tous aussi semblables les uns que les autres, en apprend leur origine, dévoile d'obscures tranches de vie, met à mal son mal de mer, croise des hommes que le lecteur connait (n'est-ce pas José Arthur ?). Le tout dans une bande dessinée truffée de références cinématographiques et littéraires avec cours de nomenclatures de locomotives et visite exclusive d'une Maison de la Radio qui, sous le coup de pinceau de Stanislas, conserve toute sa part de mystère.
Un premier volet très rytmé, tout en couleurs, avec un mystère abracadabrantesque qui tend à être rationalisé, qui mérite plusieurs lectures tant Stanislas multiplie les hommages à chacune des cases plus fouillées et fournies que leurs précédentes. Un régal des yeux, peut-être un peu pollué par un texte dense et omniprésent, pour une belle enquête…