Encore un texte qui, comme La Nuit, le précédent roman de Frédéric Jaccaud, est difficile à catégoriser : on se situe une fois de plus à ce confluent entre genres dits mauvais et littérature blanche, cette zone grise d'où sort ce qu'il y a de plus intéressant actuellement. De même, est-ce l'illustration d'un fait divers ou un roman ? L'auteur prend en effet les devants en disant avoir brodé autour d'un cas particulièrement sordide, celui d'un médecin de Ljubljana retrouvé mort, dévoré par ses trois molosses qu'il prenait plaisir à torturer dans des jeux sadiques. À partir de là, on plonge dans la fiction avec le personnage d'Anton Pavlov, un flic de base, qui va s'acharner à découvrir ce qui a pu mener ce notable à en arriver là. Une enquête moins policière — puisque les faits sont indiscutables — que dans les tréfonds de l'âme humaine et qui démontrera que la folie est contagieuse… On l'a donc vu avec La Nuit, Frédéric Jaccaud aime ces monstres qui nous ressemblent tous un peu et le grotesque comme révélateur. Il tisse en ce récit sec et percutant une explication possible à l'impensable avec traumatisme enfantin à l'appui. Un carrousel tragi-comique où, une fois de plus, surnage une écriture très travaillée qui fait la patte de l'auteur. Alors au final, roman noir, roman tout court, enquête psychanalytique ? Qu'importe le flacon…