Aurait-on autant parlé du mariage pour tous et des problèmes liés à l'adoption de couples homosexuels si l'on était capable en France de créer des séries innovantes sur fond sociétal ? La question mérite d'être posée surtout lorsque l'on lit cet essai de Barbara Villez qui décortique la série à succès New York Police District (Law & Order en américain). « Dans le système pénal américain, le ministère public est représenté par deux groupes distincts, mais d'égale importance : la police, qui enquête sur les crimes, et le procureur, qui poursuit les criminels. Voici leurs histoires… » Leurs histoires sont avant tout les nôtres, et la grande réussite de Dick Wolfe, le créateur, est d'avoir initié une série qui colle à l'actualité et qui aborde les faits de société au détriment même du média qui va véhiculer ladite série. Barbara Villez met en avant le fait que lorsque la série amène à débattre – puisque il est un fait devenu incontestable : certains des épisodes de New York Police District prêtent à débattre à l'intérieur même de son équipe mais aussi dans le noyau familial – sur des sujets délicats pour un public puritain américain tels que l'homosexualité parentale, le droit à l'avortement ou les mariages intercommunautaires, certains annonceurs de la chaine de diffusion se retirent (sans délicatesse, c'est dire…). Ces faits débattus datent pour la plupart des premières saisons, donc des années 1997-1998, à l'heure où la France allait se découvrir Black-Blanc-Beur, mais n'allait pas pour autant en profiter pour ouvrir une brèche qui ne demandait qu'à être ouverte. La fiction audiovisuelle américaine, elle, qui était alors en pleine mutation et qui n'allait pas tarder à surpasser en terme de créativité la littérature, proposait déjà un président des États-Unis noir et des scénarios que la réalité n'était pas prête à accepter (le fameux « Quand la fiction dépasse la réalité… »). Dans le même temps, France 3 proposait Louis la broquante (qui au passage vient de faire ses adieux au petit écran). Bon, disons-le tout net : l'intensité intellectuelle des débats proposés par Lous la broquante n'a pas réussi à dépasser celui de New York Police District. Mais la faute n'en incombe pas uniquement à la profondeur d'un scénario qui s'appuie sur un alibi en deux acte policier (enquête & procès). Des personnages forts, pour la plupart sympathiques mais parfois aux opinions politiques et idéologiques se confrontent et cohabitent. Pour la plupart droits dans leurs bottes mais devant composer avec un système prompte à être corrompu, leur pensée évolue au fil des épisodes et en même temps que celle des téléspectateurs. Certains ne sont que de passage – une ou deux saisons – d'autres hantent la série de leur charisme affranchi.