CHRONIQUES

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Numéro collection : 0
Année de parution : 1961
Titre original : The Deadly Companions
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6 / 10

New Mexico

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Territoire apache

Les paysages désertiques de l'Arizona associés à un cadrage où Sam Peckinpah montre déjà sa patte pour son premier film font de ce western un objet pas inintéressant mis en valeur par la performance d'actrice d'exception de Maureen O'Hara. En quête d'un nouveau souffle, le western se dote pour l'occasion de personnages hauts en couleurs, moches et cradingues où pointe déjà une sourde violence visible dès les premiers plans lorsque l'énigmatique et très peu charismatique Yellowleg (Brian Keith) se bat dans un tripot autour d'une table de jeu pour dépendre Billy (Steve Cochran), un tricheur notoire dont il cherche à se venger. Le point de départ est capillotracté au possible si l'on rajoute qu'apparait au même moment Turck (Chill Wills), un coquin de première qui sait manier les armes à feu avec doigté, précision et rapidité. Les trois hommes partent aussi sec pour la bonne vieille ville de Gila City, qui héberge une banque et un vieux marshall. Tout ne va pas se passer comme prévu dans une ville hostile aux mauvaises mœurs et où la morale est érigée comme un modèle, morale qui n'hésite pourtant pas à pousser des fidèles à pratiquer le culte dans un saloon dont on cache les peintures coquines. Au milieu des fidèles, la splendide rousse Maureen O'Hara, égérie de John Ford, qui joue Kit Tilden, un modèle de vice, une femme qui a eu un enfant de père inconnu disent les gens, et qui se prostitue. Cet enfant, qui joue un air à l'harmonica qui sera repris en chanson par l'actrice en fin de film, est lui aussi calomnié et ostracisé par les gamins de Gila City avant d'être victime d'une balle perdue lors d u braquage de la banque par des bandits qui ont devancé Yellowleg et ses deux acolytes. Balle perdue tirée par ce même Yellowbig (parce que, ironie de l'histoire, il a une balle qui est logée dans son bras et qui l'empêche de bien viser). Effondrée, Kit Tilden quitte la ville et ses habitants peu reluisant pour aller à Siringo enterrer son enfant auprès de son père. Seul problème : Siringo est une ville fantôme en plein territoire apache, et évidemment Kit refuse l'aide d'un Yellowleg repentant… Les faits sont têtus, les personnages également, le réalisateur est au diapason. S'il a réécrit vingt pour cent des dialogues, force est de constater que les premières vingt minutes sont d'une richesse linguistique jouissive. Les scénaristes ont vraiment bien joué le jeu malgré une histoire cousue de fil blanc qui multiplie les clichés dont le réalisateur se joue avec délice. On n'échappe cependant pas au serpent à sonnette, au cheval à la patte cassée, aux Indiens ivres morts, à la baignade nue dans une rivière… Les scènes finales annoncent le Sam Peckinpah des grandes heures avec la recherche rythmée d'un nom sur une tombe et un duel à trois que ne renierait pas Sergio Leone. La conclusion douce-amère sur l'espèce humaine permet en outre de relativiser l'histoire d'amour naissante entre les deux héros (ou comment se moquer du fatum).

Article initialement paru le 4 juin 2014
Publié le 27 mai 2025
Mis à jour le 27 mai 2025