L’informaticienne Sera Quijano a été engagée par un riche banquier pour créer un logiciel complexe. Son but : déguiser des malversations en les décalant pour qu’une cadre de la banque soit impliquée comme « voleuse » et non la banque elle-même. Elle met donc au point ce logiciel. Aura Reyes, la cadre en question qui va se retrouver coincée, était contente d’être bien payée, de s’occuper de ses deux filles et de sa mère impotente dans une bonne maison de retraite. Mais maintenant, la voilà impliquée dans une fraude qu’elle n’a pas commise. Alors qu’elle se démène pour survivre, les policiers viennent l’arrêter. Le banquier veut la voir derrière les barreaux car il est en train de monter une magouille plus grosse encore qui devrait lui rapporter enfin le jackpot. Or, en liberté, elle pourrait chercher les vrais coupables, ce qui ruinerait son nouveau plan. En prison, Aura prend la défense de Mari Paz Celeiro. Cette dernière se révèle être une forte femme, ancienne légionnaire, qui a conservé quelques amis parmi ses ex-condisciples. C’est l’occasion rêvée pour Aura de mettre en place un plan afin de savoir qui l’a trahie et de se renflouer en commettant un casse audacieux pour lequel elle aura besoin de compétences informatiques (que pourraient lui apporter la personne qui l’a mise dans la panade).
Le roman de Juan Gómez-Jurado présente à la fois un plan diabolique, bien construit, et la succession de hasards et de failles à cause desquels c’est une bande de « bras cassés » qui commet les vols, ce qui permet de mettre en scène des plans longs et qui pourraient rater à chaque instant. Derrière ce roman se lit aussi une vengeance de femmes, mal aimées par la société, et qui trouvent ou pourraient trouver dans ces actions malhonnêtes une occasion de remonter la pente et de se venger d’une Espagne qui les a laissé tomber. C’est donc drôle et enjoué, avec des scènes de vols assez bien décrites, pimentées par des difficultés pour s’en sortir qui créent le suspense. Intéressant, sans atteindre la densité de la trilogie – Reine rouge, Louve noire, Roi blanc – qui a propulsé Juan Gómez-Jurado sur le devant de l’actualité littéraire, Tout brûle demeure cependant un livre agréable et qui surtout fait du bien.