À Paris, en cette année 1677, deux forces de police cohabitent, plus ou moins de manière harmonieuse : tout d’abord, les policiers officiels, ceux de La Reynie, qui enquêtent et essaient de maintenir la paix civile dans la Capitale ; d’autre part, les « Fantômes de Versailles », une sorte de police parallèle dirigée par Colbert : son but n’est pas d’enquêter mais de surveiller les nobles et autres puissants afin d’avoir pression sur eux en cas de dérapage ou d’éviter qu’éclatent des scandales qui pourraient, in fine, menacer Louis XIV. Tout débute avec la mort violente, extrêmement violente, d’une femme. C’est une « sorcière blanche », c’est-à-dire une femme qui utilise des moyens naturels pour aider ses compatriotes et non se livrer à des actes de sorcellerie diabolique. Elle a été violée puis son corps profané. Les deux policiers qui mènent l’enquête – les inspecteurs Laruche et Torsac -, font le lien avec différentes affaires qui secouent Paris, et notamment une dans laquelle des tueurs s’en prennent à des médecins humanistes qui entendent faire circuler de nouvelles théories sur la santé : entre autres, celles venues d’Angleterre sur la circulation sanguine. Mais leurs investigations les amènent à s’intéresser à ceux qui tentent de protéger des enfants « perdus » des rues parisiennes, qui seraient enlevés par des riches pour d’obscures réunions nocturnes où ces derniers se livrent à des actions sataniques. Comme ces investigations se rapprochent de personnes proches du roi, Colbert se sent obligé d’intervenir, tout en essayant d’arrêter ces actions.
À travers l’enquête de deux personnalités différentes, pour des raisons elles aussi différentes et avec des buts tout aussi différents, c’est la fin ténébreuse du règne de Louis XIV qui apparaît par contrecoup en lumière. Aujourd’hui, les gens peuvent entendre parler de l’affaire des poisons, y compris dans des émissions populaires, sans trop en comprendre les tenants et aboutissants. Ici, les choses sont montrées clairement avec une élite qui se livre à des actions réprouvables, assurée d’être intouchable (aucun rapport avec notre monde moderne, bien sûr) au sein d’une intrigue menée avec soin, qui maintient le suspense, et permet de raconter à la fois un pan de notre Histoire et une histoire noire et policière de qualité (au vu des moyens et des possibilités de l’époque). Avec ce deuxième volet de sa série « Les Fantômes de Versailles », Jacques Forgeas confirme les promesses entrevue dans le premier épisode et signe-là un roman historique policier de très bonne facture.