Le commissaire Nicolas Le Floch a bien compris que la Révolution pouvait dévorer ses propres enfants et donc, en cette année 1792 finissante, il a préféré se retirer dans son château familial sur ses terres de Ranreuil et se faire discret. Mais, entre la constitution civile du clergé qui provoque des remous et le procès du roi Louis XVI qui devrait s’achever par sa condamnation à mort, il comprend que les temps vont être rudes. C’est à ce moment-là qu’un policier républicain local fait appel à ses services. On vient de découvrir Cornec, le chef des Jacobins de Guérande, assassiné dans d’horribles circonstances, brûlé dans une cabane à proximité du château. Des bruits courent : des réfractaires, des opposants à la République se cacheraient dans les forêts (notamment celle de Brocéliande) et mèneraient une guérilla pour le compte des troupes royalistes et anglaises qui attendent afin de débarquer en Bretagne. D’après les renseignements, l’un des meneurs serait un noble local, un certain La Rouërie. Le Floch va enquêter sur ce noble et découvrir son épouse, une jeune femme dont les charmes ne le laissent pas indifférent. Elle l’entraînera vers son mari, effectivement caché pour échapper aux révolutionnaires, mais qui entend mener une guerre loyale et non en tuant des gens de manière sauvage. Mais en discutant avec lui, en comprenant son action, Le Floch ne risquera-t-il pas, à son tour, d’être considéré comme un traître ?
Après les enquêtes de Nicolas Le Floch menées par Jean-François Parot, aujourd’hui décédé, c’est Laurent Joffrin, connu comme journaliste, qui a repris le flambeau. Comme il avance dans la chronologie, le policier se trouve confronté à la Révolution, puis à ses suites. La part policière s’est faite un peu plus légère, au profit de l’arrière-plan historique qui, lui, devient de plus en plus prégnant. Le Floch, coincé entre ses origines (il est le fils illégitime d’un noble qui l’a cependant reconnu), ses opinions politiques modérées, et le monde qui se transforme vers plus de violence républicaine, a du mal à choisir son camp. Ce volet, donc, s’ouvre sur une enquête qui devient assez accessoire pour finalement décrire les convulsions de la France. Le choix, pour le héros, va se résumer entre risquer la prison et la condamnation, et fuir vers l’Angleterre pour protéger ceux qu’il aime. C’est là tout l’enjeu de ce récit, plus tourné vers l’histoire que vers l’intrigue, que nous suivons ici.