CHRONIQUES

livres • bandes dessinées • comics
Prix : 14,90 €
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
ISBN : 978-2-266-36107-1
Nombre de pages : 448
Format : 20 X 14 CM
Année de parution : 2025
Crédits
Auteur(s) :
Contexte
Époque :
CHRONIQUES > LIVRES >
8 / 10

J’aime votre peur

Karine Giébel compile quatorze de ses nouvelles publiées ici et là dans un seul et même recueil. L'occasion de (re)découvrir les obsessions d'une auteure qui a fait son chemin dans le thriller horrifique et qui montrent son humanité. Des nouvelles à picorer et à ne surtout pas lire d'une traite sous peine d'overdose.

Parmi ses nombreuses personnalité, le public connait plus particulièrement deux Karine Giébel : la romancière et la nouvelliste, qui libérée des besoins d’une trame policière, peut donner libre cours à ses côtés les plus viscéraux telle qu’elle les exprimait dans son chef d’œuvre à ce jour, Meurtres pour rédemption. Les amateurs de feel good, de cosy mystery mous et de ronron consensuel peuvent passer leur chemin : il y a de la douleur, du sang et de la tripe, même si les pires horreurs sont psychologiques… Certains connaissent une partie de ce recueil, puisque bien que l’on ne daigne pas citer les prépublications, « Post Mortem » et celle qui donne son titre au recueil (pas la plus convaincante) étaient déjà dans le mini-recueil Maîtres du jeu, les autres figurant dans diverses anthologies. Mais il s’en trouve, semble-t-il, quelques inédites. Ces deux-là sont d’ailleurs les seules nouvelles relevant vraiment du genre. Les autres sont plus difficiles à classifier : littérature dite blanche ? Mélodrame moderne ? (Sans connotation péjorative, la plupart des films du grand Pedro Almódovar, par exemple, en relèvent.) Karine Giébel aime les réprouvés, les rejetés, ceux que la bonne société refuse de voir, les opprimés. Surtout, elle sait leur donner une voix puisque, pour paraphraser la grande Sapho, elle veut voir dans le noir à quelle heure est-ce qu’on meurt et à quelle sauce on nous mange. L’oppression vient souvent du poids des traditions, quelles qu’elles soient ou, tout simplement, de la naissance, avec « un petit truc en plus » ou en moins. L’auteure s’intéresse à celles et ceux qui dérangent la civilisation du fric, comme dans « Lobo ». « Octobre », qui prend pour narrateur un enfant gazaoui, fera certainement grincer les dents des racistes mondains médiatiques… Autant dire que l’on n’est pas dans de la littérature gentillette et consensuelle : entre ces pages, quelles qu’en soient les raisons, on aime, on déteste, on souffre, on tue, toujours du point de vue des victimes, et parfois, on meurt. Un pari pas très commercial de nos jours… Le tout se clôt en toute beauté avec le point de vue d’un de ces héros et héroïnes que l’on appelle « justes » victimes de cette barbarie que l’on tente aujourd’hui de rendre « cool »,  et qui sont sujets à une autre forme de déshumanisation. Toute cette misère humaine, aussi puissante soit-elle, peut parfois être un peu trop et l’issue de certains textes prévisibles (un comble vu la thématique…), si bien que l’on conseillera humblement d’espacer leur lecture pour mieux en profiter. Attention, on n’est sort pas intact, mais bon : ne parle-t-on pas de littérature NOIRE ?

NdR – L’anthologie comporte les nouvelles suivantes : « J’ai appris le silence », « Aleyna », « Lobo », « Aurore », « Octobre », « Ce que les blessures laissent au fond des yeux », « L’Escalier », « Post mortem », « Lui pardonner », « Chloé », « L’Ascension », « Hikikomori », « J’aime votre peur » & « Au revoir les enfants ».

Publié le 3 décembre 2025
Mis à jour le 3 décembre 2025
Ce que je sais, c’est que je ne suis pas comme les autres. Que je ne l’ai jamais été et ne le serai jamais.
CONTINUEZ VOTRE LECTURE..