CHRONIQUES

Films • Séries TV • théâtre • Radio • Jeux
Prix : 16.99
INFORMATIONS LIVRE
Édité chez
Collection :
Numéro collection : 0
Année de parution : 1966
Titre original : Ride Beyond Vengeance
Crédits
Contexte
Régions :
Villes :
CHRONIQUES >
8 / 10

Marqué au fer rouge

Marqué au fer rouge est un western surprenant à plus d'un égard. D'abord car il repose sur un double flashback ensuite par l'expression de sa violence. L'introduction du film montre la petite ville texane de Coldiron au milieu des années 1950 avec un étudiant, agent de la démographie pour les vacances, qui écoute un barman lui raconter la dramatique histoire d'El Tigre. Premier flashback où l'on découvre Jonas Trapp (Chuck Connors, un blond aux yeux bleus ténébreux avec un corps d'athlète qui a joué au base-ball et au basket-ball) sur le chemin du retour après avoir chassé le bison pendant onze ans. Suite à un imbroglio, il est pris pour un voleur de vaches, tabassé puis maintenu au sol par trois hommes avant d'être marqué au fer rouge. À son réveil (on aura eu le loisir dans le second flashback d'en apprendre un peu plus sur sa vie et les raisons de son départ), il découvre qu'on lui a dérobé les dix-sept mille dollars qu'il avait patiemment économisés. Il n'a plus qu'une idée en tête : se venger de ses trois agresseurs – un dandy gigolo, un contremaître imbibé d'alcool et un banquier. Tous les trois jouaient en dehors de la ville au poker, mais un seul d'entre eux a dérobé les dollars… Il s'agit bien évidemment du banquier, du nom de Brooks Durham, qui par ailleurs courtise assidument Jessie, la femme délaissée par Jonas et qui croit son mari mort. Jonas Trapp est un homme à la violence contenue qui va exploser dans Coldiron semant la panique dans la population et la mort dans sa terrible vengeance. La violence est au cœur de ce film, mais Marqué au fer rouge la dépasse par ses thématiques, son déroulé et son final surprenant totalement ouvert. Le réalisateur, Bernard McEveety, est un inconnu sauf pour les amateurs de séries télévisées, pourtant il réalise là un excellent travail aidé par une belle brochette d'acteurs, autant de seconds couteaux qui tirent parfaitement leur épingle du jeu. Chuck Connors a bien plus de crédibilité dans ce rôle de vengeur aveugle surnommé El Tigre par la population mexicaine que dans celui de Geronimo qu'il a incarné quatre ans auparavant. Homme envahi par ses émotions, il est cruel et vengeur, mais également bon et généreux comme le montrent sa relation avec une Mexicaine et ses tourments avec Kathryn Hays dont le visage reflète vite mille émotions. Émotions est d'ailleurs le maître mot de ce western urbain, espèce de huis-clos psychologique qui permet à la terreur et à la lâcheté de s'exprimer à visages découverts. Les bagarres sont à la fois violentes et bien filmées. Les morts sont elles terriblement violentes et simplement évoquées – celle de John « Johnsey Boy » Hood (Bill Bixby), le dandy gigolo qui par peur de se faire marquer au fer rouge finit par prendre ce même fer à pleines mains pour se le pointer sur le torse et partir en hurlant est à n'en pas douter l'un des moments les plus surprenants du film. Quand on pense que toute l'histoire ne tient qu'à la vanité de Jonas, on comprend mieux qu'il ait été rejeté par la baleine représentée par cette petite ville texane de Coldiron et que quelques quarante-cinquante années plus tard, son ombre fasse toujours peur !

Article initialement paru le 6 avril 2016
Publié le 27 mai 2025
Mis à jour le 27 mai 2025