Le braquage à l'anglaise doté d'un humour prononcé ne date pas d'hier. En 1955, une palette d'acteurs en devenir réunis autour d'Alec Guinness se réunissent dans une bicoque londonienne victime de bombardements pendant la Deuxième Guerre mondiale. Leur hôtesse est une respectable petite vieille toujours souriante, un peu délurée, veuve d'un officier militaire, qui s'occupe de ses trois perroquets et de sa robinetterie à l'aide d'une masse. Elle leur a loué le deuxième étage, le seul sûr de cette baraque dans laquelle les cadres au mur ne sont pas droits, et ils préparent leur casse tout en simulant un quintette. Sans cesse interrompus par leur hôtesse qui leur propose thé ou café, ou bien de soigner un perroquet, ils planifient minutieusement le braquage d'un fourgon blindé qui contient quatre malles métalliques remplies de billets de banque. Il y a du Un poisson nommé Wanda avant l'heure, et l'on comprend aisément pourquoi Terry Gillian dans un long entretien narre tout le bien qu'il pense de ce film. D'ailleurs, il ne s'agit pas tant d'un film burlesque que d'une pièce de théâtre de boulevard dans laquelle Alec Guinness est au sommet de son art, en digne acteur de Noblesse oblige. Les situations rocambolesques s'enchainent. Le casse est particulièrement bien réalisé malgré les actions de leur hôtesse qui joue également les complices involontaires. Le comique atteint son paroxysme après le casse, quand l'argent a été récupéré à la consigne de la gare, et qu'il faut l'évacuer, puis éliminer l'hôtesse originale mais qui en a trop vu. On trouve déjà Peter Sellers aux prises avec Herbert Lom (Charles Dreyfus, l'implacable ennemi de l'inspecteur Clouzeau dans les films à succès La Panthère rose). Le final sur fond de décor de gare de triage est jouissif à souhait évitant au comique de répétition les défauts du genre, et offrant même une jolie situation inattendue. L'épilogue quant à lui est d'une moralité douteuse, mais so British…
