Interviews

auteurs • maisons d'éditions • illustrateurs
Entretien réalisé le 31 décembre 1969

Franck Meynial et l’Affaire des chiens d’Égletons

Rencontre avec Franck Meynial

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k-libre : Comment vous êtes-vous partagé le travail avec Francette Vigneron ?
Franck Meynial : Nous nous sommes rencontrés lors du procès d’Alain Bodchon, le tueur. Nous étions tous les deux dans la salle à prendre des notes. Nous nous sommes parlés et nous nous sommes rendu compte que tous les deux nous avions l’intention d’écrire un livre sur cette affaire incroyable. Nous avons donc préféré unir nos efforts pour cette entreprise. Nous avons travaillé un an à collecter des informations après avoir rencontré un éditeur qui était partant. Hélas, cet éditeur nous a lâchés quinze jours avant la publication. J’ai pu heureusement en trouver un autre… Grâce aux relations amicales que j’avais développées avec Yves Squercioni, procureur de la République à Limoges dans le cadre de mon travail de journaliste spécialisé dans le fait divers à La Montagne, nous avons obtenu l’accord du Parquet pour l’ouverture de tous les dossiers de l’instruction, ce qui est exceptionnel pour une affaire aussi récente. Les membres de la Justice souhaitaient aussi qu’il y ait un écrit qui reste sur cette affaire historique. Je me suis occupé des interviews dans le Nord où vivait l’accusé une partie de l’année tandis que Francette s’est plus attachée aux vagues d’empoisonnement.

k-libre : Votre livre est très dense avec ses transcriptions d’interrogatoires et les faits s’étalant sur si longtemps. Quels ont été vos axes, vos craintes, bref votre cheminement pour arriver à ce livre ?
Franck Meynial : Nous avons tenu à retranscrire les interrogatoires tels quels. Leur force brute ne pouvait pas être égalée. Mais ce n’était pas évident car il fallait respecter la présomption d’innocence. En effet, malgré le faisceau de présomptions et le premier procès, le suspect numéro un s’est suicidé juste avant le deuxième procès et, de ce fait, a éteint toutes les poursuites à son encontre. Ainsi, est-il toujours réputé innocent. Pourtant, nous tenions à raconter cette affaire qui s’est étendue sur neuf ans et qui est un modèle du genre. Le coupable de la deuxième vague d’empoisonnement n’a pas été identifié tout comme d’éventuels complices.

k-libre : Vous prenez soin de ne désigner les témoins que par un prénom et une initiale. Comment la population concernée a-t-elle réagi à la publication du livre ?
Franck Meynial : Bien sûr, tout le monde sait qui est qui. Ce fut une déferlante dans le Nord et la Corrèze. Le livre partait comme des petits pains. Il y a eu un buzz extraordinaire. Je m’imaginais recevoir des coups de téléphone de personne liées aux accusés mais je n’ai rien reçu. Finalement, ce travail m’a permis d’aller jusqu’au bout. Il m’a donné du courage dans ma profession. Il m’a ouvert d’autres portes notamment au niveau de la radio et de la télévision.

Article initialement paru le 4 novembre 2010
Publié le 27 mai 2025
Mis à jour le 27 mai 2025