Meurtres pour rédemption

Des balcons de leurs immeubles haussmanniens, les bourgeois contemplaient less événements, friands de détails qu'ils observaient à l'aide de leurs petites jumelles. Ils montraient du doigt des échauffourées, hélaient les gendarmes pour dénoncer les ouvriers réfugiés derrière des portes cochères et applaudissaient quand une escouade poussait devant elle une poignée de prisonniers.
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Contenu

Roman - Noir

Meurtres pour rédemption

Social - Assassinat MAJ mercredi 08 septembre 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 21,9 €

Karine Giébel
Paris : Fleuve noir, août 2010
22 x 14 cm
ISBN 978-2-265-09205-1
Coll. "Noirs"

Actualités

750 pages de littérature à l’estomac

Marianne de Gréville est une dure et, par concours de circonstances, devient une meurtrière. Condamnée à perpétuité, elle affronte l'enfer carcéral à sa manière, en répondant à la violence par la violence. Jusqu'au jour où on lui propose de sortir à condition qu'elle commette un assassinat. Mais il y a Daniel, le maton, et leur amour interdit. Pour eux, la descente aux enfers a déjà commencé...
Partisans du roman aseptisé "pas prise de tête à lire dans le métro" et bobeaufs nostalgiques de Cayenne, des bruits de bottes et du pilori, passez votre chemin. Cette seconde publication de Karine Giébel dans le vivier Rail noir (qui révéla également Frank Thilliez) est un exemple même de littérature à l'estomac, comme si les deux cents dernières pages de Seul le silence d'Ellory devenaient roman. À la différence que le personnage d'Ellory était innocent, ce qui rendait son calvaire plus poignant. Ici, cette triste héroïne est coupable à cent pour cent, ce qui rend le dilemme moral plus insidieux : on peut compatir, mais aurait-on vraiment envie de la voir en liberté ? Comme souvent avec l'auteur, l'inspiration est à chercher côté cinéma, ici le fameux Nikita (au point de départ pompé de la sous-estimée série "L'Implacable", mais c'est une autre histoire). Simple base scénaristique qui permet de définir une thématique profondément dérangeante d'un univers ou tout est violence - physique ou psychologique -, et qui prend toute son ampleur dans le troisième tiers : sans spoiler, cette violence qu'on tente de confiner entre quatre murs est présente dans toutes les strates de la société, où bien rares sont ceux qui peuvent se prétendre innocents même s'ils ont échappé à la justice des hommes. Un constat pessimiste, mais parfaitement étayé à travers un roman noirissime, dissection d'un fait divers comme on en voit tous les jours et dont on ressort en apnée et vaguement groggy, comme après un long direct à l'estomac. Si l'on veut pinailler, on pourra regretter quelques longueurs, des réactions de personnages pas toujours convaincantes et une histoire d'amour parfois trop poussée, mais on ne peut qu'applaudir la performance...

Nominations :
Prix du thriller Confidentielles.com 2011

Citation

Au début, elle avait eu peur. Peur de devenir faible. Mais finalement, elle aimait ce qu'elle était en train de devenir. Car en vérité, jamais elle ne s'était sentie aussi forte qu'aujourd'hui.

Rédacteur: Thomas Bauduret mardi 07 septembre 2010
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