Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Maryvonne Ssossé
Paris : Le Masque, juin 2010
408 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-3498-7
Coll. "Masque jaune", 2529
Lorsque la vie s'apaise
Henry Rios est un avocat homosexuel de Los Angeles. Alors que l'histoire commence, il est atteint d'une crise cardiaque en plein tribunal. Tandis qu'il devrait trouver le calme pour reprendre le cours normal de sa vie, il va se trouver confronté à deux gros problèmes : d'une part, il fait la rencontre d'un homme qui lui plait (et c'est réciproque), et d'autre part, il se découvre une famille qu'il ne soupçonnait pas (sa frangine bonne sœur a été enceinte trente ans plus tôt !).
Avec ce volume Michael Nava (qui ressemble plus ou moins à son personnage) a décidé de clore la série policière qu'il menait depuis quelques années. Ce dernier volume ressemble aux précédents. L'accent est principalement mis sur le personnage quasiment au détriment des enquêtes. Dans ce volet, Henry Rios doit faire face à de multiples problèmes : sa crise cardiaque, une nouvelle relation amoureuse avec un être sympathique mais bisexuel, un neveu de dix ans qui lui tombe dans les pattes et a peut-être participé au meurtre de son père, une ancienne amie qui lui demande de devenir juge...
Plus qu'un roman policier, l'on pense souvent à une version bien écrite d'une série télévisée où, en alternance, la focalisation se porte sur les éléments du quotidien d'une personne (ici, renforcée par les séquelles de la crise cardiaque), et les aventures professionnelles d'un avocat intégré dans le système judiciaire. Heureusement il n'y a pas de longues descriptions de scènes de prétoire. Michael Nava parvient cependant en quelques lignes à montrer les enjeux et les risques d'une procédure. De ce point de vue, l'enquête proprement dite est plus légère et le lecteur familier des intrigues policières a vite perçu les réels tenants et aboutissements du crime esquissé.
Les Défroques du cœur est un bon roman qui tient la route par sa retenue et par les sentiments des personnages décrits avec soin. Ainsi, à un moment donné, le père du nouveau compagnon d'Henry Rios, un vieux Mexicain catholique, vient voir l'avocat : de fait la conversation est posée et des fortes doses d'humanité traversent les pages, au point d'ailleurs que, mis à part une scène où Henry Rios se trouve confronté à un narco-trafiquant, le roman sait vivre avec délicatesse sans tomber dans la mièvrerie. Le titre Les Défroques du cœur (tiré d'un poème de Yeats) reflète bien cette ambiance à la fois désenchantée, crépusculaire mais apaisée qui parcourt l'ensemble de cette série qui s'achève sur des promesses de bonheur et d'une simple joie de regarder un match de base-ball.
Citation
Les pénalistes, créatures plutôt solitaires, aisément identifiables à nos dossiers boursouflés, nos serviettes usées, nos cheveux en manque d'une visite chez le coiffeur, et nos vêtements d'un tour chez le teinturier et nos visages marqués par un cynisme las.