Saturne

Sa réputation était celle d'une jeune femme près du bonnet, proche de prêcheurs charismatiques implantés dans Harlem et engagés dans la lutte en faveur de l'égalité des droits, intransigeante en affaires, détestant les maquereaux et prête, par les armes, à éliminer ceux qui s'opposeraient à sa quête de pouvoir dans le milieu des loteries clandestines, car Stéphanie avait choisi sa voie.
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Roman - Thriller

Saturne

Vengeance - Assassinat MAJ mardi 28 septembre 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 17 €

Serge Quadruppani
Paris : Le Masque, septembre 2010
262 p. ; illustrations en noir & blanc ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-7024-3508-3

Actualités

Les apparences sont toujours trompeuses

Les thermes de Saturne, en Italie. Un mystérieux tueur entre, abat froidement trois personnes puis repart. Parmi les familles des victimes,certains veulent se venger. Un détective privé sur place pour filmer un adultère se demande s'il n'y a pas un complot là-derrière. Et lorsque le tueur se voit menacé par ses employeurs, tout s'accélère.
Serge Quadruppani est un auteur connu qui joue souvent autour de l'Italie dont il est un fin connaisseur au point de prescrire et de traduire de nombreux romans italiens, et qui aime bien travailler autour de thèmes politiques. Là, où un écrivain anglo-saxon aurait écrit un thriller de sept cents pages bien tassées, Serge Quadruppani resserre son intrigue, multiplie les éléments implicites bien connus des amateurs de thrillers.
Le lecteur est pris dans un complot complexe, décrit avec une économie de moyens impressionnante, se jouant des codes. Nous comprenons tout ou presque, et ce qui est incompréhensible ressort bien évidemment des ombres nécessaires cachées dans les recoins les plus obscurs du complot. Ce qui frappe également c'est le cynisme absolu car lorsque le but du complot devient clair, l'on ne peut qu'être horrifié par ce qu'il cache et en même temps ce qu'il éclaire d'affaires sanglantes contemporaines. Nous sommes là dans une partie d'échecs à trois dimensions où les coups se mijotent.
Le roman s'ouvre étrangement par un rêve : celui d'un policier qui grâce à un songe a une prémonition du crime (et surtout du coupable) qui se prépare. Puis le récit vire au réalisme le plus concret. Loin des héros de thrillers américains qui découvrent la vérité, se battent et obtiennent la justice, les personnages de Serge Quadruppani se perdent, sont dessaisis des enquêtes, sont victimes d'accidents. Le personnage central du livre est le jeune frère d'une victime qui aimerait non la justice mais la vengeance, et qui l'obtient presqu'au bout de ses doigts mais il n'osera pas en profiter, car c'est là la difficulté des gens honnêtes, ils restent honnêtes. Et lorsque des méchants se retrouvent assassinés, c'est par leur propre supérieur, pour éviter qu'ils ne parlent ou ne deviennent des pistes faciles à remonter.
Servi par une écriture limpide, par des références à l'actualité (le financier Todos fait penser bien évidemment à Soros, l'histoire tourne autour du scandale des subprimes), Saturne, par le plus italien des écrivains francophones, emporte la conviction d'une voix originale, celle d'un auteur qui sait mélanger les destinées individuelles, les grandes descriptions sociologiques du monde que nous côtoyons, à travers une histoire labyrinthique, si conforme à la réalité actuelle.

Récompenses :
Prix des Lecteurs Quais du Polar 2011

Nominations :
Prix des Lecteurs Quais du Polar 2011

Citation

La vérité ? On ne la saura jamais en entier ! La justice ? On peut se brosser. Moi je veux me venger.

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 28 septembre 2010
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