Contenu
Romicide
Poche
Réédition
Tout public
Gens du voyage...
Un camp de Roms dans les environs de Rennes.. L'eau, l'électricité, tout manque. Des familles pourtant, parquées plutôt que tolérées. Vivent et meurent. Là. Depuis longtemps. De petits boulots peu rémunérateurs. Moins la manche que la ferraille. Flashback : la Hongrie en 1942. Les milices fascistes raflent les Roms. L'éradication des populations nomades vient de commencer. Dans la banlieue de Rennes, les survivants se rappellent. Ils sont d'abord allés de centres de rétention en centres de rétention, avant d'atterrir là. Un campement républicain. La précarité organisée, gérée par l'Administration française. Emballé dans un bout de moquette, la police trouve un corps. Pieds coupés. La PJ enquête : il s'agit du cadavre d'un vieil homme. Rinetti, le gardien du camp, fils d'immigré italien, subit la pression des flics pour de mauvaises casseroles qu'ils traînent derrière lui. Il doit désormais jouer les indics. Lui, si proche jusque-là d'une mémoire qui ne lui a pas échappée : celle des Roms. Une mémoire d'exilés qui ont gardé intact le souvenir des répressions qui frappèrent le peuple rom en France : dans le camp, on sait encore raconter les Brigades de Clémenceau, fichant systématiquement les Roms pour constituer leur fichier. On se rappelle aussi les camps d'internement français, ceux de Fargeau, de Montreuil-Belley, de Pontivy et tant d'autres, antichambre des camps nazis... Rennes aujourd'hui. La PJ organise une rafle dans le camp : l'assassin du vieux serait l'un des leurs. Une vendetta : l'homme avait trahi les siens, il y a des années de cela. Il y a de magnifiques portraits d'exilés dans ce polar qui obtint le Prix du Polar SNCF en 2001. Un polar entièrement révisé, annonce l'éditeur, qui cependant se fourvoie dans une vision par trop commode du monde Rom, à mettre pareillement en avant l'omerta supposée y régner. Mais quand on énonce "omerta", on ne fait que taire les raisons du silence des exclus. Silence que l'on assimile par un jeu langagier gratuit à celui des mafieux. Or, une société fragile ne peut être qu'une société du silence. C'est cette profondeur que le roman rate, à tirer au plus court une fable que l'on ne nous a que trop servie. Dommage, il y avait de la beauté dans ce travail, servi en outre par une écriture sensible, déliée, capable d'émouvoir sans tomber dans la sensiblerie.
On en parle : La Vache qui lit n°120
Citation
Un vieux Rom sans identité, venu d'Europe de l'Est, assassiné au chalumeau, peut-être pour ses origines.