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Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (Écosse) par Daniel Lemoine
Paris : Le Masque, octobre 2010
446 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7024-3432-1
Rebus au rebut : exit maestro !
John Rebus, l'inspecteur du CID d'Édimbourg, personnage emblématique de l'œuvre de Ian Rankin, tire sa révérence, est poussé à la retraite, est mis au rebut. Mais non sans devoir se coltiner une dernière enquête, placée sous le spectre de la terreur russe, celle qui met fin aux jours de Litvinenko.
Dans une des rares rues non dotée de caméra, l'opposant et poète russe Alexander Todorov est retrouvé mort, le crâne fracassé. Il avait passé sa dernière heure au Calédonians, un pub select dans lequel étaient attablés Andropov, un industriel russe, Stuart Janney, un banquier, et Big Ger Cafferty, le caïd de la ville. Plus tard, meurt asphyxié dans sa maison l'homme qui était chargé d'enregistrer les apparitions en bibliothèque de Todorov. John Rebus et Siobhan Clarke partent alors en chasse à la fois contre la corruption et le lien ténu qui lie ces deux affaires. Clarke est amenée à prendre la relève de Rebus, d'ailleurs, c'est elle qui dirige les opérations. En apparence du moins car même quand il est relevé de ses fonctions, Rebus, obnubilé par son souhait de coincer Cafferty, tire les ficelles du jeu. Mais son profond désir de revanche risque fort de le rendre aveugle alors même que Andropov l'incite à "chercher la femme" dans une manœuvre désespérée de sauver sa peau.
Ce dernier volet rebusien est tout empreint de nostalgie. Ode à la non-retraite des flics (beaucoup se meurent une fois leur service accompli), c'est aussi un portrait au vitriol de la police, de la politique et du nouveau parlement écossais. Ian Rankin porte un regard plutôt désabusé sur l'Écosse actuelle. Il ne croit pas en son indépendance (ce sont surtout les Anglais qui y croient), et nous délivre son point de vue sur l'inanité d'un Parlement représenté d'ailleurs par l'absurdité de ses murs froids. John Rebus s'entête, fait erreur, boit beaucoup, mais son charisme même s'il le dénigre le rend indispensable. Par ses convictions et surtout son aptitude à suivre une voie en adéquation avec elle, quitte à se faire de nombreux ennemis au sein même de son département, il impose un contre-pouvoir policier nécessaire. Après lui, peut-être Siobhan Clarke pourra-t-elle en faire autant, rien n'est moins sûr.
Avec la mise au placard de John Rebus, c'est Édimbourg également que l'on quitte à regret : Princes Street, le Last Drop, ce pub ancestral évoqué dans lequel les condamnés à mort venaient boire leur dernier verre, la plage de Portobello, le quartier de Craigmillar... Si Ian Rankin a intitulé son roman Exit Music, on a plutôt envie de dire "Exit Maestro"...
On en parle : Alibis n°38
Citation
Vous auriez dû dire la vérité dès le début, Gill. Mentir, c'est très bien quand on joue la comédie mais, dans la vraie vie, on parle plutôt de faux témoignage.