Contenu
Poche
Inédit
Tout public
230 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-914855-59-4
Coll. "Roman policier"
Sur la lande désolée courent les fantômes...
Agnès est une jeune Anglaise qui a accepté de trier la bibliothèque d'un vieil homme qui vient de mourir en Irlande. Elle arrive pour découvrir que le château où se trouvait la bibliothèque est une ruine, que les habitants évoquent de bien sombres passés et que l'ouvrier chargé de la réfection du bâtiment avant de le revendre a de bien jolis yeux, alors que des rumeurs négatives courent sur lui. Il serait lié à de nombreux événements qui ont ensanglanté la commune.
Laurence Fontaine a décidé de ne pas y aller avec le dos de la cuillère. Elle commence son roman par l'exécution d'une jeune femme qui vient à peine de faire l'amour. Or l'amant assassin semble bien être le beau ténébreux que nous allons voir en Irlande dans les pages qui suivent. De plus, de rapides flashbacks nous présentent d'autres actes aussi peu recommandables avec ce garçon en protagoniste central.
Mais cette atmosphère de lande irlandaise balayée par la brume, dans des vapeurs d'alcool et au milieu des fantômes du passé, ne suffit pas. Il convient d'y ajouter un savant fou qui tente de continuer des expériences nazies, un château en ruines, des matches de boxe, un soupçon de pédophilie, tout un arsenal romantico-gothique. Une série de retours en arrière parsème le roman et permet de comprendre le personnage central qui de monstre absolu devient victime dans une sorte de version moderne de Frankenstein.
Ponctué de nombreuses références aux chansons des Who, Noir dessein en verte Erinn résonne bien comme le souhaite son auteure. Cette dernière, spécialiste de littérature anglaise, s'est appuyée sur les romans noirs (au sens ancien du terme) pour créer un récit qui, le style lourd en moins, est une version actualisée des romans de Walpole : de sombres manoirs où des hobereaux, acquis à des thèses scientifiques folles, font des expériences qui dérapent. Les résultats des dites expériences aboutissent à des êtres incomplets qui oscillent entre le Bien et le Mal, doivent s'inventer de nouveaux repères, sont supérieurs mais souffrent en même temps d'être dans la marge. Il faut, pour apprécier le livre, accepter cette suspension de la réalité et s'installer dans un récit-hommage qui joue la carte du gothique anglais du XVIIIe siècle, à une période où la notion de suspense était absente et l'imaginer comme un grand conte intemporel.
Récompenses :
Prix littéraire du Goéland masqué 2010
Citation
L'enfant hoche la tête, inquiète, tandis que le vieillard découvre de ses ongles crochus, le cache dissimulé derrière le velours pourpre.