De briques et de sang

Je me sens tellement bien, allongée ici, que je peux déjà sentir le stress de ces deux dernières années retomber. C'est incroyable comme un lit confortable et la perspective d'un week-end de repos et de rires peuvent avoir comme effet sur le mental.
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Bande dessinée - Policier

De briques et de sang

Historique - Social MAJ samedi 30 octobre 2010

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

À partir de 14 ans

Prix: 16 €

Régis Hautière (scénario), David François & Pierre-Henry Gomont (dessin)
David François (coloriste)
Paris : KSTR, octobre 2010
146 p. ; illustrations en couleur ; 28 x 19 cm
ISBN 978-2-203-00854-0

Meurtres en Utopie

Janvier 1914. Victor Leblanc, spécialiste des affaires policières à L'Humanité est envoyé par son journal à Guise, en Picardie : on vient d'y découvrir le cadavre d'un vieil artiste, habitant du Familistère, ce "palais social" imaginé par Godin pour y loger les ouvriers fabricant ses fameux poêles. Les ouvriers, mais aussi tous ceux qui travaillent à l'usine, et qui le souhaitent, cadres compris. Une première approche du fonctionnement du Familistère, c'est tout ce que Leblanc tire de ce premier déplacement. Moins d'un moins plus tard, second cadavre : une veuve sans histoire est retrouvée flottant dans la piscine du Familistère. Leblanc revient sur place, et n'avance guère sur les deux affaires apparemment sans lien. Le gérant administrateur de la communauté essaye même de le dissuader de poursuivre son enquête, mais lorsque deux nouveaux décès, par asphyxie, surviennent, une jeune femme confie au journaliste que les quatre victimes étaient membres du conseil de gérance du Familistère. Qui en veut à ce modèle de justice sociale ?

Derrière une intrigue policière habile, les auteurs font revivre le Familistère de Guise à une époque où il était encore en pleine activité. C'est l'occasion de se replonger dans la France de l'affaire Calmette, et dans une Europe aux portes de la guerre, mais où l'espoir d'un monde qui peut encore échapper à l'embrasement règne encore... en particulier chez les utopistes. Les personnages sont les vecteurs de la petite et de la grande histoire, du journaliste radical à la jeune femme décidée, presque jumelle d'une certaine d'Adèle Blanc-Sec (ce patronyme figure d'ailleurs en clin d'œil dans la liste des membres du conseil) et l'aspect social du récit de Régis Hautière est tout aussi important que son aspect policier, même si l'intrigue joue son rôle côté suspense. L'album finit d'ailleurs par un épilogue – dessiné par Pierre-Henry Gomont - en forme de révélation tout à fait réussi. Mais c'est bien la redécouverte du Familistère, à l'architecture si particulière, qui demeure fascinante : celles et ceux qui s'intéressent à ce que fut cette utopie héritée des théories de Charles Fourier et de ses phalanstères ne peuvent que saluer et savourer le travail de restitution des lieux et de leur atmosphère de David François. Ses personnages ont également des "trognes" qui sont sa marque de fabrique (lire l'excellent L'Étrange affaire des corps sans vie, aux éditions Paquet) et participent à la réussite de cet album. Et pour toutes celles et ceux qui ignoraient l'existence de cette expérience quasi-unique de gestion de l'entreprise, De briques et de sang est une excellente entrée en matière.


On en parle : L'Indic n°8

Citation

N'empêche que si le directeur du Figaro a envoyé son meilleur reporter, je suppose que c'est dû en grande partie à la particularité de l'endroit...
- Sans doute... Calmette s'intéresse depuis longtemps à ce que Godin a tenté de faire ici. Tu penses : un grand patron qui fait dans le collectivisme ! Forcément que ça l'interpelle !
- Il a peur que ça donne des idées à ses employés ?

Rédacteur: Frédéric Prilleux vendredi 29 octobre 2010
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