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Grand format
Inédit
Tout public
350 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-35593-095-9
Coll. "Univers grands romans"
La ville rose en noir
Aymeric Mercader est détective privé à Toulouse. Son nouveau client s'inquiète d'une vague de suicides qui touche depuis quelques temps les employés de la compagnie Airbus. À force, certains se posent des questions : contagion de cas isolés ou complot secret ? Mais en cherchant à en savoir plus, ils vont réveiller de bien lourdes taches du passé.
Mis à part le personnage principal (qui a déjà été mis en scène par Francis Pornon dans des récits précédents), l'on pourrait se croire dans une très bonne intrigue du "Poulpe" : des manigances, des secrets, des nervis qui sinuent entre extrême-droite, syndicats patronaux et gangstérisme. Le récit sert de toile de fond pour décrire les liens entre le monde de l'aéronautique et les fractions politiques. Des notes de bas de page renforcent le caractère documenté du texte.
L'auteur toutefois inscrit également son personnage dans des trajectoires noires. Mercader et son adjoint sont également les témoins de leur région, des turpitudes, des changements de leur ville. Ils sont des historiens qui rappellent les heures passées : les Cathares, les ouvriers, les premiers industriels qui mirent en place l'aviation, les héros de l'aéropostale et leurs volontés politiques (y compris l'histoire d'un complot des services secrets pour liquider Jean Mermoz), la paix sociale et la direction d'Airbus par le fameux Papon...
Mercader, malgré son surnom de Cathare, est également présenté comme un épicurien, à la Pepe Carvalho (le détective de Manuel Vásquez Montalbán, ce qui nous vaut des évocations à faire venir l'eau à la bouche. Sa spécialité ? Après avoir rendu les derniers hommages à une belle, composer un festin avec les reliefs des nourritures qu'il trouve dans la cuisine de la nouvelle amante. Les repas sont ponctués des meilleurs vins locaux et agrémentés d'extraits de poèmes occitans. Sans le vouloir, il séduit, tandis que son adjoint qui cherche désespérément à conclure ne parvient qu'à attirer de jeunes paumées qu'il doit approvisionner en drogue ! Ce duo cervantesque sait qu'il ne pourra pas faire des miracles, que la loi de la jungle et du capitalisme seront les plus forts au final, mais ils se battent quand même. Dans leur enquête, ils croiseront un syndicaliste qui se bat lui aussi pour des miettes du festin que se partagent des actionnaires gourmands, mais qui est prêt à prendre les armes.
Les fils de l'enquête, les apports historiques, les pérégrinations amoureuses et culinaires des protagonistes se répondent, s'oxygènent les unes les autres pour construire un roman vivant, ancré dans un terroir et s'y mouvant avec une telle grâce qu'il atteint à l'universel, à la thématique profonde du roman noir : le chevalier solitaire qui va lutter contre les hydres sans cesse renouvelées.
Citation
Un suicide, c'est peut-être banal. Trois, c'est déjà bizarre. Cinq suicides connus dans l'entreprise depuis le début de l'année, sans compter ceux qu'on sait pas, c'est plus que zarbi.