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Chronique
Curieux ouvrage publié par la très sérieuse maison d'édition Ellipses, d'ordinaire à vocation universitaire. Dans ce livre - mémoires plus qu'essai, qui plus est subjectives, de l'aveu même de l'auteur - l'analyse cède très souvent le pas au sentiment. Voire au ressentiment d'un homme blessé par la défiance dont il fut la victime. L'auteur fut en effet le premier à organiser les services secrets français, avant d'en être brutalement écarté par le Général de Gaulle. Depuis, il rumine une profonde amertume à l'égard de la France, dont il finit par juger le renseignement pitoyable.
Plus troublant : aucun service occidental ne trouve grâce à ses yeux, pas même la CIA malgré l'ampleur de ses moyens et de son action. Seul le défunt KGB lui paraît avoir déployé une véritable ambition. C'est dans la foi et le goût du sacrifice et du sang propres aux pionniers staliniens que Melnik ancre l'acte de naissance et le moteur de l'espionnage moderne. Concevable. Ce qui est en revanche plus discutable, c'est sa fascination pour le KGB. Sur la distance, cela devient un obstacle intellectuel l'empêchant de comprendre les évolutions du "métier".
Tout l'intérêt de l'ouvrage, finalement, c'est de nous plonger dans l'émotion de la vieille école du renseignement, attachée à la figure centrale de l'oper (l'agent), particulièrement romanesque. Les arcanes de la clandestinité nourrissent ainsi chez Melnik une flagrante ambition littéraire, même s'il peine à décrire le phénomène de société qu'est la représentation fantasmatique de l'espionnage.
Citation
Entouré de femmes plus ravissantes et sensuelles les unes que les autres, James Bond n'a rien d'un philosophe grec.