Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabienne Duvigneau
Paris : Rivages, octobre 2010
334 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2147-6
Coll. "Noir", 793
McNulty IRA en guerre
Au Savoy Hotel de New York, Brian McNulty, qui ne sera jamais l'acteur de ses rêves, est barman. Un poste stratégique pour tout observer : la danse des serveuses, les clients éméchés ou pas, les allées et venues de MacAlistair, gérant de l'hôtel, et surtout celles d'Eliott, le directeur du syndicat hôtelier. Son collègue et ami, Barney, justement, soupçonne qu'il s'en passe de belles. Pour avoir été trop curieux, il s'est fait tabasser et trancher les doigts de la main droite. Et c'est alors que MacAlistair, nerveux, fait une scène à une serveuse, qu'il congédie. Tous les employés de l'hôtel se mettent en grève. Un piquet s'installe devant l'entrée sous le regard des flics et des clients mécontents. Un bras-de-fer s'engage avec la direction. Seul hic et de taille : le lendemain, MacAlistair est retrouvé assassiné. Peu de temps après, c'est le tour d'un flic, mari brutal d'une serveuse. Et s'il y a une chose que les flics ne supportent pas, c'est bien que l'on tue l'un des leurs. Alors, ils enquêtent, menacent, mettent la pression. Barney a disparu : coupable idéal, il semblait fricoter avec la veuve et a un passé trouble et des papiers pas en règle. Même McNulty comprend que l'homme lui cache des choses. Irlandais d'origine, Barney a participé de près aux activités de l'IRA. Et l'IRA, justement, est un des nombreux fantômes de ce vieil hôtel imaginé par Cornelius Lehane.
Dans un roman noir et social, fortement ancré dans la dénonciation des dérives des dirigeants syndicaux, Cornelius Lehane (que l'on ne doit absolument pas confonde avec Dennis !) déroule une intrigue simple dans laquelle il embarque ses personnages, qui eux aussi dérivent pour s'échouer exsangues. McNulty (mais pourquoi donc quand on s'appelle McNulty doit-on faire chier la police ?), héros tragique d'une société qu'il ne comprend pas, se retrouve acteur (il en rêvait !) manipulé (il n'en rêvait pas...). Il ressort de cette troisième aventure totalement déboussolé et résigné. Il ne lui reste que les yeux pour pleurer, et aussi Kevin, son fils, qu'il accompagne sur les terrains de basket. Piètre consolation minimaliste en regard de tout ce qu'il a traversé, enduré, et commis. Roman sombre et dramatique, touchant aux ramifications politiques de l'Irlande, à ce combat qui perdure de l'autre côté des États-Unis, et qui parait vain, Les Fantômes du vieil hôtel draine toute une nostalgie romanesque mais qui nous plonge dans ce que l'humain a de plus noir à travers la corruption, la manipulation et le crime.
Citation
On s'occupait de notre grève, c'était ce qui paraissait le plus important pour tout le monde, et pendant ce temps-là, eux, ils trempaient dans des histoires tellement sinistres qu'ils ont été tués à cause de ça.