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Le Danger dans la peau : La Sanction de Bourne
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Marie Dupont
Paris : Grasset, novembre 2010
438 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-246-74151-0
Une nouvelle traque de Jason Bourne
C'est pour La Mémoire dans la peau, que Robert Ludlum crée Jason Bourne en 1980. Il est amnésique et devient la cible d'un terroriste. Pour rester en vie, il se découvre des capacités qui lui permettent de venir à bout de tous les traquenards. Dans les romans suivants, il est confronté aux visées homicides, tant des sbires d'officines terroristes que des agents de centrales d'espionnage. On comprend rapidement que ce personnage est le fruit d'expérimentations d'une branche de la CIA.
Après trois romans, un tel héros, immortalisé au cinéma par Matt Damon, ne pouvait rester dans les limbes auxquelles le destinait le décès de son auteur en 2001. Éric Van Lustbader a repris les aventures de la machine de guerre sans passé. La Sanction de Bourne est le troisième opus de cette nouvelle série publiée chez Grasset.
Leonid Arkadine exécute, dans des conditions difficiles, un contrat passé avec Piotr Zilber, qui voulait venger l'assassinat de son frère. Mais le tueur est aux ordres de Semion Icoupov, a qui Piotr a volé un document que celui-ci entend bien récupérer. Il traite d'une opération, destinée à saper l'économie des États-Unis, qui doit se concrétiser dans quinze jours. Sous la torture, Piotr se suicide avant de trop en révéler. Toutefois, il a laissé échapper un nom à Sébastopol. Arkadine prend la piste.
Jason Bourne a renoué avec l'existence de David Webb, linguiste émérite à l'Université de Georgetown. À Moira Trevor, qui lui rend visite, il se déclare satisfait de son existence et refuse son offre de sécuriser un terminal de gaz, cible idéale pour un attentat. En sortant pour diner avec la jeune femme, il rencontre le professeur Specter qui veut un entretien. Ils conviennent de prendre leur petit déjeuner ensemble. Au restaurant, Jason repère un suiveur et comprend, après quelques manœuvres, que c'est Moira la cible. Par portable, il lui donne des instructions qui permettent de localiser deux hommes. Jason les perd dans une poursuite inégale. Le lendemain, il retrouve son mentor dans un bar. Specter reçoit un appel téléphonique et va à sa voiture. Sur le trottoir, il est enlevé. Jason Bourne le délivre au terme d'une poursuite échevelée et très violente. Un des ravisseurs porte un tatouage au poignet que le professeur identifie comme l'emblème de la Légion noire. Veronica Hart, qui vient d'être nommée à la tête de la CIA, rencontre le Président pour lui présenter son projet de restructuration de la structure en plein marasme. Dans le bureau, se trouvent déjà Luther La Valle et son adjoint, le général Kendall qui entendent faire chapeauter l'Agence par le Pentagone. La guerre des services et déclarée.
Bourne découvre que c'est la CIA qui surveille Moira, (devenue sa maitresse) car elle est soupçonnée d'espionnage sur Martin Lindros, le meilleur ami de Jason, assassiné trois mois auparavant. Puis, il débusque la taupe qui, dans l'entourage du professeur, renseigne le chef de la Légion noire. L'homme possède un appartement à Moscou où Jason va aller chercher des pistes.
Le poids du passé, les zones d'ombre qui subsistent, les morts violentes de Marie, son épouse, de ses amis et soutiens à la CIA, perturbent le quotidien quiet de David Webb. C'est avec soulagement qu'il est entraîné dans des actions musclées et qu'il reprend les oripeaux de l'espion. Cependant, il reste écartelé entre deux univers sans savoir choisir celui qui lui conviendrait le mieux.
L'auteur évoque la solitude de ces individus qui vivent en marge de la société soit par nature, par choix ou par conditionnement. Mais ce livre est d'abord, et avant tout, un roman d'action et celle-ci prime sur toute réflexion, sur tout approfondissement psychologique des personnages. On est loin de ces livres où le personnage s'interroge sans fin sur le bien-fondé de sa vie, sur le sens de son existence. Jason Bourne court, galope, poursuit, donne et prend des coups. Il est constamment sur le qui-vive, à la limite de la paranoïa. Van Lustbader ne se retient pas pour enchainer les péripéties aux rebondissements, perpétuer meurtres, assassinats, enlèvements, menaces, pressions, tortures... sur fond d'espionnage, de terrorisme international et de guerre entre structures de renseignements. C'est un aspect intéressant, dans l'intrigue, que ce combat entre responsables de toutes ces officines pour s'approprier, s'arroger le leadership. Si, dans la réalité, une telle part d'énergie est dépensée à cette lutte stérile, il ne faut pas s'étonner des bavures et autres manquements graves que l'actualité nous dévoile parfois. Éric Van Lustbader décrit un monde qui ressemble fort à celui que l'on a sous les yeux, avec ces gens sans idéal, seulement guidés par leur ambition, loin des principes qu'ils affichent.
On peut regretter que le nom du véritable auteur ne soit pas mieux mis en valeur sur la couverture. Pour les amateurs de romans d'action musclée, on ne peut que recommander La Sanction de Bourne, une intrigue passionnante d'Éric Van Lustbader. Une réussite dans le genre.
On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°45
Citation
Et si la DCI lui avait menti ? Et si elle avait l'intention, depuis le début, d'entraîner Bourne dans un piège, de le mettre hors d'état de nuire ? Ce genre de succès dès son arrivée à la tête de la CIA lui vaudrait la reconnaissance de Batt et l'estime du Président.