Contenu
Poche
Réédition
Tout public
202 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-030449-3
Coll. "Policier", 604
Un petit quelque chose de Crime et Châtiment
Alors que dans les campagnes françaises, une bande de Polonais sème la mort dans les fermes isolées à la recherche de nourriture et d'argent, à Paris Stan et Nouchi trainent leurs guêtres, et récoltent de maigres deniers qui ne suffisent pas à payer l'hôtel. Lui est obnubilé par ce qu'il a entendu à travers la cloison de leur chambre et y voit l'occasion de pouvoir gagner cinq mille francs. Tout comme il sera plus tard captivé par l'idée de se saisir d'un revolver. Il se retourne vers un inspecteur qui le méprise. D'ailleurs, il se croit menacé et dans le même temps il ne veut rien donner gratuitement. Nouchi, elle, est partie sous d'autres cieux. S'ensuit d'étranges courses au Bazar de l'Hôtel de Ville. Des malfrats polonais aux cul, et des inspecteurs aussi débonnaires que tranquilles sur le passage. Car il faut bien le dire, pour la PJ et le commissaire Lognon, rien ne presse.
Écrit en 1941, L'Outlaw reste un impressionnant roman psychologique dans la lignée de Crime et Châtiment. D'ailleurs, l'exacerbation de Stan, sa quête d'une hache et sa confrontation avec le commissaire Lognon y font indéniablement penser. Comme Raskolnikov, Stan, tout Polonais qu'il est, n'en a pas moins la tête branlante sur les épaules. Alors il parle tout seul, il ne dort pas, il fantasme, il s'énerve, il a peur, il cafouille, la fièvre monte. Nouchi, elle, ne l'aime pas. Elle reste à ses côtés car il est malheureux. Mais peu à peu, elle s'en écarte. Et il ne supporte pas qu'elle existe en dehors d'à travers lui. En quelques deux cents pages (avec pas moins de dix personnages excellemment campés, une intrigue et plusieurs sous-intrigues parfaitement élaborées), Georges Simenon dépeint toutes ces évolutions, tous ces traits psychologique, l'impression d'être surveillé, la montée en puissance de cette crise qui couve et qui va amener un drame que l'on pressent mais que l'on ne comprend pas, ni qu'on ne décèle. Et au milieu de tout ça, Simenon s'arrête sur des petits détails qui rendent encore plus ce roman plus réaliste s'il en était besoin. Difficile de dire si L'Outlaw est son meilleur roman. Un des meilleurs du siècle assurément !
Citation
Ce garçon ira loin !... À moins qu'il s'arrête en chemin sur une chaise électrique...