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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Béatrice Vierne
Paris : Le Masque, janvier 2011
380 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7024-3402-4
Drame élisabéthain en trois actes noirs
En pleine crise de 1929, Ron Rash relate la vie de Serena Pemberton, prête à tout pour devenir l'égale des Vanderbilt et autres Rotschild. Dans les Smokey Mountains de Caroline du Nord, elle et son mari sont de riches exploitants forestiers. Campée sur son cheval blanc arabe avec une aigle dressée au bras droit, Serena, inflexible, froide et assassine, arpente son domaine, dresse des plans et n'a qu'une idée en tête : le bois du Brésil qui assoiera sa fortune. Son seul échec elle le trouve dans une fausse couche sûrement provoquée par elle qui n'a cure de se reposer, et qui la rend stérile. Les Pemberton n'auront aucune progéniture. C'est alors qu'une cruelle et meurtrière folie la gagne. Car son mari a un bâtard d'avant son mariage, et il doit mourir. Son homme de main - et non de mains car il en a perdu une contre un arbre d'un coup de hache - est un tueur acharné qui ne lâche pas ses proies non sans les avoir fait souffrir. Il se lance sur les traces de la mère et de l'enfant, qui ne doivent leur survie qu'à un shérif intègre qui, lui, n'y réchappera pas.
Serena est bel et bien un drame élisabéthain comme il est écrit en quatrième de couverture. Il y a même du Shakespeare dans cette histoire. Reine folle, future veuve noire, Serena use du poison, du poignard, du fusil pour arriver à ses fins. Les hommes la craignent pire que leur ombre. Il n'y a dans cet Ouest du début du XXe siècle qu'une seule loi : celle du plus fort. Et le plus fort est celui qui n'a aucun scrupule et qui a de l'argent. Les Pemberton soudoient les banquiers, font et défont la loi, éliminent leurs associés trop faibles, abrutissent une classe ouvrière qui n'a d'autre choix que de mourir au travail. Mais aussi ils captivent et gagnent le respect. Tout le monde rêve de les voir morts, mais personne n'est prêt à être un bras vengeur. Et eux, ils rendent la terre exsangue. Les arbres sont abattus, tous sans exception, la terre se déverse dans les torrents rendant l'eau imbuvable, les bêtes féroces reculent devant le chemin de fer, les serpents à sonnettes sont captifs des serres de cette aigle à même de crever les yeux d'un dragon. Seule l'expropriation les menace... À moins que la folie autodestructrice de Serena ne les guette... Et Ron Rash, tout au long de ce roman, dépeint une femme extraordinaire, et lui retire couche par couche, tel un oignon, son humanité pour découvrir ce que recèle son âme de plus noir... Serena ne l'emportera pas en Enfer, et dans un final à la limite du biblique, tel un personnage de l'Antiquité grecque, elle mourra des mains mêmes de celui qu'elle a pourchassé en une image ultime shakespearienne. Saisissant !
On en parle : 813 n°109 |Alibi n°1 |La Tête en noir n°149
Nominations :
Trophée 813 Michèle Witta du roman étranger 2011
Citation
On dit que la mort, elle vient toujours par trois et si ces trois-là, c'est pas la mort soi-même, moi, suis le roi d'Angleterre.