Contenu
294 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-07-040242-7
Coll. "Policier", 597
Une trace, jamais ne s'efface...
Elvire est une jeune universitaire qui vient de rencontrer l'homme parfait. Elle l'épouse et a deux enfants de lui avant de le placer dans une "maison de repos". Une journaliste arrive et lui montre que son mari est un dangereux psychopathe et qu'il avait tout planifié pour l'épouser...
Qu'est ce qu'une trace ? Ce sont les indices que laissent un coupable afin qu'on puisse l'arrêter. Ce sont les documents épars qu'utilisera un journaliste pour essayer de reconstituer la vérité. Ce sont les marques que laisse la proie et que va suivre le prédateur. Ce sont également les séquelles que subissent les membres d'une famille lorsque l'un d'eux a un comportement violent. Voilà donc du coup un titre bien trouvé. Qui plus est, François Boulay a choisi d'installer son style dans cette idée de trace: l'intrigue est éclatée entre les différents personnages qui parfois reprennent le même évènement mais avec une version légèrement différente, parfois avec des éléments supplémentaires. L'intrigue se permet de revenir en arrière, parfois sur plusieurs générations en évitant de donner des jalons chronologiques.
L'auteur décide également de pousser le rôle du suspense et du thriller en allant jusqu'au bout de la logique... C'est-à-dire en acceptant de ne rien montrer : les crimes sanglants sont rapportés par des traces, des bouts de corps éparpillés jamais par une description de l'acte mortel. Voir même de créer le suspense juste par la situation : une femme rentre chez elle, une maison isolée et... rien ne se passe. À un autre moment, la journaliste cherche des traces de crimes dans les caves d'un asile. Le tueur arrive derrière elle, puis lui parle et part.
Certains éléments du texte décident d'ancrer le récit de terreur dans la longue tradition du roman gothique : une femme seule, des maisons isolées, des monstres qui rodent et qui ne sont que la face sombre de gens sympathiques, des crimes qui semblent revenir de génération en génération comme de sombres malédictions.
Roman policier atypique, ayant obtenu le prix des lecteurs Quai du polar, Traces est une invitation à suivre les bouts de ficelle, à savourer une frayeur intérieure, à baguenauder dans un film d'ambiance-épouvante des années 1960 en Italie, servie par une écriture dense, plus proche de la littérature générale, par ses thèmes, le traitement, que par une écriture américaine efficace.
Les traces ce sont aussi les images fortes que peuvent laisser les livres dans nos esprits.
Citation
C'est cette vieille, cette sale petite vieille recroquevillée sur sa haine et ses rhumatismes qu'il fallait contraindre, soumettre avant de l'anéantir.