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Tout public
Traduit du par Laurence Sendrowicz
Arles : Actes Sud, janvier 2011
250 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-7427-9460-7
Coll. "Actes Noirs"
Actualités
- 11/01 Édition: Parutions de la semaine - 11 janvier
- 10/07 Prix littéraire: Sélections GPLP 2012
- 04/04 Prix littéraire: Prix Mystère 2012 : les lauréats
- 13/03 Prix littéraire: Les policiers 2012 de "Elle"
- 22/09 Prix littéraire: Lauréats 2011 du GPLP
Le jury du Grand Prix de la littérature policière a rendu son verdict le mercredi 21 septembre à la BiLiPo sous la présidence d'Alexandra Schwartzbrod, lauréate 2010, dans la catégorie française pour Adieu Jérusalem.
Le choix a été quasiment unanime en ce qui concerne la catégorie française. L'ouvrage élu est L'Honorable société (Gallimard, "Série noire"), du duo Dominique Manotti/D.O.A. D'après des sources officielles donc bien informées, le choix sans pour autant avoir tardé à se dessiner s'est fait au détriment d'Alex, de Pierre Lemaitre (Albin-Michel, "Thriller")
Beaucoup plus difficile a été de débusquer le lauréat dans la catégorie "Roman étranger". L'Israélien Yishaï Sarid, pour son roman Le Poète de Gaza (Actes sud, "Actes noirs"), l'a emporté de peu devant Francisco Gonzales Ledesma pour Il ne faut pas mourir deux fois (L'Atalante, "Insomniaques et ferroviaires"). Peut-être est-ce dû à l'intérêt que porte Alexandra Schwartzbrod à la Palestine et à Israël qui a fait légèrement pencher la balance du côté d'un des excellents romans au détriment de l'autre.
Cela étant dit, Alexandra Schwartzbrod a passé la main à Dominique Manotti pour la présidence de l'année 2012. Non pas que D.O.A. se soit retiré avec humilité, mais l'auteur avait, lui, déjà été primé à titre personnel, et avait donc déjà eu les honneurs d'une telle présidence.
Souhaitons bonne chance à Dominique Manotti pour l'année prochaine en ce périlleux exercice !
Liens : L'Honorable société |Dominique Manotti |Pierre Lemaitre | D.O.A. |Alexandra Schwartzbrod - 27/06 Prix littéraire: Sélection 2011 du GPLP
- 14/01 Édition: Parutions de la semaine - 14 janvier
Cette part d'humanité au plus profond de nous
Le narrateur est un agent spécial israélien. Son métier est simple : empêcher les attentats terroristes des Palestiniens. Pour cela, tout est bon : la torture, les pressions et les fausses identités. Sa nouvelle mission est compliquée : gagner la confiance d'une écrivain israélienne et pouvoir ainsi s'approcher d'un poète palestinien. À travers lui c'est son fils, terroriste international, qui doit être retrouvé.
À l'instar de la situation israélienne, le personnage décrit par Yishaï Sarid est dans un état de crise important. L'alternance entre la vie professionnelle et la vie personnelle, le stress que provoque le métier bien particulier du narrateur, ses doutes naissants sur son travail se lient aux doutes sur sa vie de couple. Et lorsque cela se déglingue à un endroit, des fêlures se répercutent immédiatement sur l'ensemble des situations. L'auteur parvient à travers un personnage à décrire toute l'ambiguïté de la situation et du bourbier israélien. Malgré les tensions qui existent et qui devraient/pourraient paralyser les gens ou les placer dans des situations de choix, l'auteur présente également des personnages qui lâchent la rampe, qui ne s'occupent que de leur petit destin individuel.
Le narrateur, de par sa profession, navigue dans les couches de la société israélienne et l'ensemble des données géographiques. Même s'il semble d'ici, que le pays est minuscule, Yishaï Sarid en quelques lignes dresse un portrait de zones riches, commerciales, occidentales, symbolisées par la vie intellectuelle florissante et le dépérissement de maisons squattées par de jeunes Juifs drogués.
À un moment-clé du livre, le narrateur qui jamais ne verbalise une quelconque opposition à la politique poursuivie et les moyens employés, se trouve confronté à un juge qui par souci démocratique veut en savoir plus sur sa façon de procéder. L'on se trouve alors face à un long développement fort et prenant sur la nécessité de se salir les mains et l'obligation pour la société d'en savoir le moins possible sur ceux qui se salissent pour elle.
Le récit alterne avec bonheur des moments liés au quotidien des personnages, que ce soit dans des situations heureuses ou tristes, voire dramatiques. À cet égard, la femme du narrateur à travers quelques scènes courtes acquiert une présence forte. Pourtant jamais le roman ne prend partie. Yashid Sarid réussit à la fois à décrire la situation d'un point de vue très particulier mais en parvenant à garder à distance les affects. Sans approfondir, il décrit en de courtes scènes, la montée d'un sentiment amoureux, d'amitié, la perte de confiance dans un couple, l'affection d'un fils pour son père, la lutte d'une mère pour sauver son fils.
En évitant les scènes choc d'explosion par exemple, en replaçant toujours l'humain au cœur de son dispositif, l'auteur nous oblige à lire en dépassant nos a priori pour découvrir un monde complexe, dense et rendu avec justesse où jouer l'amoureux pour obtenir des informations n'empêche pas de tomber amoureux, où créer une amitié artificielle peut déboucher sur une vraie amitié.... où le véritable ennemi c'est peut-être vous-même.
On en parle : L'Indic n°9
Récompenses :
Grand prix de la littérature policière - roman étranger 2011
Nominations :
Prix Mystère du Meilleur roman étranger 2012
Prix Orange/Sauramps 2011
Citation
- C'est un assassin. Je l'ai vu dans ses yeux. J'aurais dû le tuer là-bas, dans le taxi. - Vous êtes tous des assassins.