Contenu
Poche
Réédition
Tout public
Paris : Phébus, janvier 2011
320 p. ; illustrations en couleur ; 19 x 12 cm
ISBN 978-2-7529-0513-0
Coll. "Libretto"
Y a du boucan
La cuisine est à la mode, il n'y a pas de doute ! Émissions de télé-réalité culinaire, blogs collectionneurs de restaurants à la mode, surabondance de livres de recettes sont là, pour nous rabâcher, la cuisine c'est trop génial, trop cool et convivial. Mais la cuisine est bien plus, et heureusement pour nous, qu'un empilement de recettes, de chefs à la mode, et de considérations extatiques sur produits et tendances culinaires. Elle est surtout le miroir de nos comportements sociaux et culturels. À aucun moment la cuisine ne peut être l'étendard d'un passéisme réactionnaire, car elle bouge, évolue et raisonne avec les aspirations de ceux qui la font et la mangent.
Ainsi, Mélani Le Bris dans sa Cuisine des Flibustiers nous montre à sentir une cuisine en marche, celle de la découverte d'un monde nouveau, fait de liberté, de mixité et de métissage. Car le monde de la flibuste et des gens de boucane contraints de s'adapter pour survivre hors des lois fut un laboratoire efficace de l'invention créole. Produits nouveaux, Afrique, Europe et Amériques assis à la table commune des Caraïbes, imaginaient une mondialisation avant l'heure. Mais rien de normalisé, avant tout un grand bouillonnement de la survie quotidienne et des banquets et fêtes des jours de relâche.
Mélani Le Bris fait un travail d'ethnographie culinaire remarquable sur ce monde des Caraïbes d'il y a trois cents ans, dans ce livre. Produits pays et produits d'Europe nourrissent des recettes pouvant composer tout un repas, mais surtout l'auteur nous donne les pourquoi et les comment de la cuisine de ce monde nouveau. Citant abondemment les auteurs de la flibuste et des voyages aux Caraïbes, elle nous fait sentir l'émerveillement de ces découvreurs d'une vie nouvelle.
Jetez-vous sur ce bréviaire culinaire de l'aventure. Lisez-le comme un roman, une à deux heures avant les repas, il creuse la faim et l'envie de découverte. Vous serez prêt à l'utiliser comme guide de recettes. Une viande de porc grillée à la diable que vous accompagnerez d'une pimentade (hacher menu un piment antillais, deux ciboules, une gousse d'ail, mouiller du jus d'un citron vert et d'un peu d'huile, saler) de tous les diables et vous pourrez vous asseoir à table avec le père Labat (Voyage aux îles, chronique aventureuse des Caraïbes 1693-1703, Phébus, "Libretto").
Citation
On prête aux piments mille vertus : de redonner moelle et nerfs, ardeur dans les ébats et cœur au ventre, mais aussi de prévenir fièvres et infections - feu contre feu en somme.