Guerre sale

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jeudi 21 novembre

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Roman - Policier

Guerre sale

Politique MAJ lundi 14 février 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Dominique Sylvain
Paris : Viviane Hamy, janvier 2011
318 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-87858-340-3
Coll. "Chemins Nocturnes"

Actualités

  • 14/03 Édition: Parutions de la semaine - 14 mars
  • 10/03 Prix littéraire: Sélection 2014 du Prix du meilleur polar des lecteurs de Points
  • 22/10 Bibliothèque: Rencontre sur les "Chemins nocturnes"
  • 26/03 Prix littéraire: Lion et Lionceau noir 2012 de Neuilly-Plaisance
  • 02/12 Prix littéraire: La rédaction de Lire choisit Guerre sale et Tijuana Straits
  • 16/09 Édition: Parutions de la semaine - 16 septembre
  • 25/07 Prix littéraire: Sélection des Trophées 813 (2011)
  • 20/06 Site Internet: Quatrième "Frelon noir"...
    ... sur 1001libraires.com - un Frelon qui a désormais son logo. Christophe Dupuis alimente sa mensuelle de juin avec deux interviews qu'il a ramenées de Clermont-Ferrand, où s'est tenu, les 16 et 17 avril derniers, le premier festival polar de la ville : les 48 heures du polar, organisé par l'association L'Amiral flottant. L'on pourra aisément lier cette émission avec l'actualité junienne de la BiLiPo, qui invitait ces deux mêmes auteurs le 18 juin pour rendre hommage aux éditions Viviane Hamy. Un livre sur les relation France-Afrique (Guerre sale), un livre sur la guerre d'Algérie (Le Mur, le Kabyle et le marin) : c'est le souffle de l'Histoire avec un grand "H" que l'on entend dans ce quatrième numéro - mais, mieux encore, ce sont les voix de Dominique Sylvain et d'Antonin Varenne qui résonnent, chacune pendant une vingtaine de minutes.

    Première à avoir les honneurs du micro, Dominique Sylvain évoque bien plus que son dernier roman, Guerre sale - qui est aussi son treizième opus, et le cinquième à convoquer le duo d'enquêtrices Lola Jost et Ingrid Diesel. L'interview s'ouvre d'ailleurs avec les origines de ce duo né en 2004 en réaction au 11-Septembre, histoire de glisser un peu d'humour dans des romans que l'auteur a failli ne plus écrire au vu de l'insondable noirceur d'une actualité "effrayante". Elle voulait mettre "un peu de soleil dans l'eau froide", dit-elle. L'entretien est passionnant qui amène l'auteur à analyser assez longuement ses personnages, avant qu'elle détaille la genèse de Guerre sale. L'on est introduit dans l'atelier de la romancière et l'on s'assoit avec elle à l'établi, dans cette zone encore à mi-chemin de la pensée et de l'écriture où s'originent ses personnages, ses intrigues... auxquels il va falloir donner forme avant de les assembler en un roman.
    Sa conception de l'écriture - un travail qu'elle reconnaît être parfois fatiguant à cause de l'empathie qu'il demande pour se glisser dans la tête des différents personnages :
    "C'est un des aléas du métier ! Le tout est de savoir arrêter son roman. Mais, en fait, je n'arrête jamais vraiment parce que je passe beaucoup de temps à écouter les gens, je pense qu'un roman c'est avant tout une fabrique d'émotions et que les émotions ne s'inventent pas, elles se recueillent auprès des autres. Et c'est en confrontant ses propres émotions à celles des autres qu'on arrive à trouver d'autres ressources (...) je suis tout le temps en mode de captation d'information, et d'émotions."

    Antonin Varenne, s'il est loin d'avoir à son actif autant de romans que Dominique Sylvain, a collectionné les récompenses dès son premier ouvrage, Fakirs - un succès inattendu pour lui qui était alors "primoromacier" et surtout très content d'avoir reçu des réponses positives des éditeurs à qui il avait envoyé son manuscrit, entre lesquels il lui a fallu choisir, ce qui est tout de même gratifiant pour un jeune auteur. Ses débuts brillants attirent le regard au moins autant que sa biographie qui, selon Christophe Dupuis, évoque celle de ces "auteurs américains qui ont parcouru les quatre coins du monde, ont fait cinquante mille boulots complètement atypiques"... L'on apprend ainsi que s'emmerder à l'école n'exclut pas de s'intéresser à la philo, qu'étudier la philo quand on ne veut pas devenir prof, ça ne mène pas à grand-chose professionnellement parlant et que se faire travailleur-globe trotter pour gagner sa vie est une bonne solution. Quant aux débuts littéraires, ils ont paraît-il tenu à une immobilité forcée, avec une main plâtrée d'où ne dépassaient que trois doigts - "ça suffisait pour taper comme un flic", se souvient Antonin Varenne, qui explique également qu'il y a eu un "avant-Fakirs" éditorial, et qu'en plus de continuer à écrire des polars, il a fondé une coopérative ouvrière avec trois amis, au sein de laquelle il est charpentier. De l'ossature romanesque à la charpente sans laquelle il ne pourrait y avoir maison, le pas est ainsi franchi...
    Comme avec Dominique Sylvain, on se régale d'écouter une interview aussi bien construite qui peu à peu se resserre autour du roman - en l'occurrence Le Mur, le Kabyle et le Marin - après qu'ont été évoqués la biographie, le parcours d'écrivain, la "fabrique d'écriture" de l'auteur, la genèse du roman... et l'attitude de l'éditrice qui émet "des suggestions très légères".
    Liens : Le Mur, le Kabyle et le Marin |Christophe Dupuis |Dominique Sylvain |Antonin Varenne |Les 48 heures du polar de Clermont-Ferrand

  • 08/03 Radio: Dominique Sylvain encensée
  • 09/02 Librairie: Association de bienfaiteurs en Alsace
  • 27/01 Bibliothèque: Un peu de polar à Dijon

Souffrance et faiblesse du Diesel

Prendre rendez-vous avec Lola Jost et Ingrid Diesel, c'est s'apprêter à passer de sales journées tout en étant en bonne compagnie. Joindre l'efficace et le redoutable à l'agréable.
C'est valable même si l'on se retrouve avec sur les bras le cadavre brûlé d'un avocat spécialisé dans la Françafrique. Brûlé de manière atroce : un pneu qu'on lui a passé tel un collier de mauvais goût autour du cou avant de l'enflammer, et de regarder l'homme tenter de se débattre dans une lente agonie. Quand on aime l'exotisme et qu'on est avide de connaissances, on est content d'apprendre que la chose à un nom : le supplice du père Lebrun. Alors, bien sûr, il n'y a là rien pour motiver les deux commères, si ce n'est que, près de dix années auparavant, c'est l'assistant de Lola Jost qui avait péri de la même manière. Ce meurtre, jamais élucidé et que l'on s'était empressé de classer, avait conduit la commissaire à aller faire des puzzles dans sa mansarde bien avant l'heure. Petit hic, c'est Sacha Duguin, un ancien petit ami d'Ingrid Diesel qui est en charge de l'enquête officielle. Et il reste entre eux deux tous ces petits trucs qui font qu'on est toujours dans un état mélancolique avec cette certitude ancrée au plus profond de soi que l'autre a encore plus merdé grave que nous. Et puis, il ne faut pas oublier qu'Ingrid, c'est une Américaine dont le visa ne tient qu'à un fil. Mettre les mains dans la Françafrique, c'est pire que dans le cambouis. Ça tâche, ça pue. Il n'y a aucune lessive pour nettoyer et enlever l'odeur. Lola et Ingrid avancent péniblement. Elles subissent plus qu'elles n'agissent. Mais elles ont pour elles qu'elles sont de sacrées garces qui ne reculent devant rien.
Il souffle un brin de fraîcheur sur cette aventure qui n'en fait pas une énième qu'on lirait d'un air blasé. Dominique Sylvain prend un malin plaisir à frustrer son lecteur qui par moment subit l'enquête comme ses deux héroïnes. L'intrigue classique prend toute son ampleur à la mesure que les pages défilent, que les personnages en apprennent de belles (que l'on pressentait mais il est nullement question ici de dévoiler un pan de la chose), qu'ils pleurent, souffrent et sourient. Plus que l'enquête, c'est comment Dominique Sylvain approfondit ses personnages qui est intéressant. Ceux-ci sont dépeints avec talent et maitrise. Ils sont éminemment faillibles, humains et beaux. Loin des ébauches manichéennes que l'on peut voir ici et là. Comme dans ses précédents romans mettant en scène ses deux héroïnes, Dominique Sylvain nous régale des barbarismes néologiques d'une Ingrid Diesel (eh oui, le français n'est pas toujours logique) reprise de belles volées par une Lola Jost précise dans sa rhétorique voire tatillonne. Sitôt le livre refermé, ils nous manquent tous ces personnages. Il ne reste plus alors que, pour les chanceux, attendre un rayon de soleil et partir dans la Capitale à la recherche de ce passage du Désir...


On en parle : Alibi n°2

Nominations :
Trophée 813 du roman francophone 2011
Trophée 813 du roman francophone 2012
Prix Orange/Sauramps 2011
Prix Virtuel du Polar 2011

Citation

Restons sur une bonne impression, commandant. Je viens admettre que je vous avais mal jugé. N'espérez pas d'autres compliments, j'en suis avare.

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 27 janvier 2011
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