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Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais par Karine Lalechère
Paris : Rivages, février 2011
410 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2196-4
Coll. "Thriller"
Un joyau du plus beau noir...
The Singer, deuxième roman de Cathi Unsworth, révélée par Au risque de se perdre, est plutôt un livre sur le punk qu'un roman punk... Il serait d'ailleurs illusoire de s'en tenir à cette étiquette de "roman punk", qui évoque des expériences de collage et d'expérimentations eighties plus ou moins heureuses qui ont généralement mal vieilli. Mais c'est également un des meilleurs roman noir de ce début d'année, et probablement de l'année.
1979. Quatre jeunes gens se rencontrent à un concert des Sex Pistols et décident de fonder Blood Truth, qui très vite défraie la chronique par sa violence. Mais Vincent, le leader charismatique, tombe amoureux de Sylvana, chanteuse d'un autre groupe. Un amour qui vire au drame... De nos jours, le journaliste sur le retour Eddie Brackell décide de raconter l'histoire du groupe mythique. Mais Vincent a disparu un soir, à Paris, et la réalité se fait insaisissable. Et se pose une nouvelle question : Sylvana l'évanescente s'est-elle vraiment suicidée ?
Cathi Unsworth a les connaissances pour rendre crédible ses musiciens, thématique sur laquelle on a dit bien des âneries - quand avez-vous lu la description d'un groupe de rock insistant sur le travail, et pas des rock-stars pondant un tube comme ça, en deux secondes, sans se fatiguer ? Quiconque a connu les ambiances à la fois sordides et exaltantes des "salles de répète" s'y reconnaîtra. La traditionnelle construction en deux époques est ici parfaitement maîtrisée, entretenant le mystère tout en permettant de dire quelques petites choses très justes sur le vieillissement et le changement sans jamais tomber dans le "c'était mieux avant". Tous les personnages sont vivants avec ces ambiances typiquement british que Cathi Unsworth sait évoquer à la perfection, jusqu'à une conclusion à la fois inattendue et d'une logique glaçante, plus un ultime clin d'œil à l'ironie douce-amère. Le tout dans une langue magnifique, parfois carrément poétique (le court chapitre 34 touche au sublime), servie par une traduction méritant tout autant de superlatifs de Karine Lalechère. Bref, tout simplement un bijou d'intelligence, de sensibilité et d'atmosphère, de la chair à prix qui est LA lecture indispensable de ce début 2011.
Citation
J'avais toujours estimé que la Trellick Tower était une monstruosité, et je n'étais pas le seul, puisque Ian Fleming avait baptisé son criminel le plus célèbre du nom de l'architecte de cette horreur : Erno Goldfinger.