Contenu
Poche
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Élie Robert-Nicoud
Paris : Rivages, février 2011
264 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7436-2189-6
Coll. "Noir", 811
Y aurait pas un ver dans Ploucville ?
Les éditions Rivages publient en poche La Guerre du whisky, un petit bijou inédit signé Elmore Leonard resté dans l'ombre de Fantasia chez les ploucs depuis 1969. La comparaison s'impose tant la trame et les personnages font penser au roman drolatique que Charles Williams a écrit en 1956. Mais le roman qui nous préoccupe diffère par un traitement plus noir, et une injustice que l'on ressent profondément tout au long de notre lecture.
En 1932, en pleine prohibition et au fin fond des États-Unis, un village qui pourrait s'appeler Ploucville est cerné par des distilleries sauvages tenues par des bootleggers. Le shérif, septuagénaire qui porte le poids de ses années, ne manque pas, accompagné de ses fidèles adjoints, de faire des descentes. Et quelles descentes ! Tout ces gens ont le goulot rapide. Les bootleggers sont prévenus et tiennent à dispositions quelques bouteilles que l'on s'empresse de payer dollars sur l'ongle avant de les boire et de s'écrouler ivre mort dans une ambiance qui tient plus de l'éther qu'elle n'est délétère. Parmi ces bootleggers, Sonny Martin, qui a hérité de son paternel de cent cinquante fûts savamment cachés d'un whisky qui arrive à ces fameux huit ans d'âge. Et avec lui les ennuis en la personne de Frank Long, un agent du gouvernement croisé à l'armée, et à qui Sonny Martin a trop parlé un soir de beuverie. Sous couvert de son badge et de son fusil, Frank Long va n'avoir de cesse de débusquer ces fûts que dans la réalité il veut revendre à son compte. Il fait appel à des connaissances croisées en prison. Mais invoquer le diable est bien souvent source supplémentaire d'ennuis. Les désastres s'accumulent. C'est un véritable gang qui investit la ville, qui méprise ses habitants, qui pille et tue, qui torture et violente sous l'œil impassible de Sonny Martin bien décidé à ne pas vendre la mèche (plutôt l'allumer d'ailleurs !).
De façon moins politique et décortiquée, Elmore Leonard aboutit aux mêmes conclusions que Dashiell Hammett dans Moisson rouge, où le détective de la Continental doit nettoyer la ville des brigands qu'elle a elle-même amenés. Un roman western des derniers jours qui se lit d'une traite tantôt de façon rigolarde tantôt non. Le final rassure l'amateur d'Elmore Leonard, qui repose le livre et se dit qu'il a passé un moment jubilatoire.
Citation
Franck, quand des gars ont des armes, il y a toujours un risque que des coups de feu partent.