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Never says Nevers
Franck est un flic, spécialisé dans la police scientifique, qui vient de vivre une rupture difficile et se console comme il peut avec son chien. Aussi, lorsque sa mère l'appelle pour signaler qu'un jeune homme qu'il connaissait a disparu mystérieusement, il décide de prendre quelques jours de congé pour se "reposer" dans le Morvan et essayer d'en savoir plus. Mais faire une enquête sur des lieux d'enfance réveille des souvenirs...
Morvan de chien est un récit court et nerveux centré sur le personnage principal de Franck, qui se conforme aux archétypes du genre : il est dans une passe difficile, ne sait comment s'en sortir, et le lourd sentiment d'avoir tout raté l'imprègne, l'insère comme dans une nasse.
Ce qui importe à Laurent Rivière, c'est la création d'une atmosphère : l'on va suivre notamment la rencontre (et le bout de chemin) entre trois personnages qui vont aider dans son enquête et dans son retour à la vie le policier. C'est tout d'abord un jeune voisin qui vit de petites combines mais a une impressionnante volonté de s'en sortir. C'est ensuite un SDF que tous décrivent comme violent et enfin, c'est une jeune paumée qui, entre drogue, prostitution, provocation punk, essaie de s'inventer une vie plus agréable que celle dont elle dispose. Mais ces trois acteurs sont décrits au sein d'une écriture joyeuse qui ne cache pas les aspérités des êtres, sans misérabilisme. De même la petite amie du héros est une actrice mais dont le seul titre de gloire est d'avoir servi de "base" pour créer une personnage de jeux vidéo. Grandeur et servitude du métier...
Le roman est ainsi une retour aux sources : de la ville-piège l'auteur revient à la petite ville de son enfance puis se "perd" dans les sombres bois morvandious où il découvrira la vérité, une vérité sale et poisseuse, insensée au sens propre du terme. De là, il pourra accumuler assez d'énergie pour repartir dans le bain de la Grande Ville. Au début du roman,Franck se demande quand il verra le cadavre de trop qui lui fera péter les plombs. Il ne se doute pas que ce cadavre c'est peut-être lui, zombie du monde, ayant raté sa carrière de footballeur, ayant trompé sa copine pour une voisine et hurlant sans savoir que la voisine l'entend qu'elle ne fut qu'une histoire de cul !, seul dans une vieille voiture avec un chien blessé à ses côtés...
Laurent Rivière sait raconter en peu de mot et avec une économie de moyens des situations : l'on comprend que le personnage central a fui sa famille et le Morvan pour d'impérieuses raisons, mais il n'en dira pas grand-chose et cette mère qu'il est censé venir voir durant son congé, il passera son temps à lui répondre au téléphone qu'il va arriver, mais trouve toujours une excuse. De même sa relation avec sa petite amie est vue à travers quelques scènes ou coups de fils intelligents, l'auteur évitant les écueils explicatifs et lourds qu'ont souvent les premiers romans. Finalement, ce retour dans un passé nostalgique donne plus la pêche qu'il n'incite à la mélancolie et se lit avec plaisir.
Citation
Je les ai laissé finir une première partie de billard, puis j'ai tiré le rideau qui bouclait l'entrée de la salle et posé ma carte (de police) sur le tapis. Ils l'ont regardé en éclatant de rire. Ça n'arrive jamais à Bruce Willis.