Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
208 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-7436-2187-2
Coll. "Thriller"
Clochemerle sanglant
Le Bal des frelons s'ouvre avec la longue course d'un frelon pour gagner le nid ennemi où il va combattre et s'achève par le lent déplacement d'une taupe dans le sous-sol. Entretemps, les animaux se démènent pour survivre, malmenés par les humains. Passent également toute un ménagerie : une vache abattue au fusil, un hérisson, des poules devenues objets de décoration et des abeilles instruments d'un crime... Comme l'histoire se situe en Ariège, il y aussi le passage d'un ours.
Au milieu de ce bestiaire, inventaire drolatique à la Prévert, les humains ne sont pas en reste dans le petit village qui sert de microcosme au récit. Le maire est une crapule locale qui aimerait se débarrasser de sa secrétaire, une vieille fille qui entend ne plus l'être et a décidé de le faire chanter ; un couple d'ex-taulards qui vit une passion homosexuelle tout en déclarant qu'ils ne sont "pas des pédés" et découvrent que leur voisin n'est autre qu'un ancien gardien de prison. Lui vient juste de découvrir que sa femme, effrayée par la crise bancaire, a retiré tout leur argent de la banque, mais refuse de dire où elle a caché le magot. Il cherche comment commettre le crime parfait. Il a décidé de se servir d'un ami, apiculteur, en pleine crise car le fiston caché vient de le retrouver après des années d'absence. Sans parler d'un homme simple qui a bien des soucis car il est encore amoureux de sa femme et aimerait qu'elle soit à ses côtés. La situation est un peu compliquée puisqu'elle est morte. Mais est-ce vraiment un problème ?
Pascal Dessaint a écrit des romans noirs et sombres mais il montre avec Le Bal des frelons que l'on peut aussi offrir des romans noirs et drôles. À la fin de sa lecture, le lecteur s'aperçoit qu'un grand nombre de cadavres, hommes et bêtes confondus, parsèment l'ouvrage alors qu'il s'en est à peine rendu compte, baignant dans l'atmosphère de folie douce contagieuse qui parcourt le texte. Les errements des humains même s'ils peuvent apparaître plausibles semblent trouver leur source dans une irréalité. Le roman s'ouvre donc par un animal qui va attaquer mais par la suite tous les animaux sont des victimes expiatoires de la folie des humains. La campagne n'est pas un lieu de communion avec la nature mais un lieu gangréné par la violence et l'incompréhension. Seul l'apiculteur qui essaye de vivre en accord étroit avec ce qui l'entoure est présenté de manière plus positive. Pour le reste, les humains sont vus à travers leurs pulsions, des pulsions qui les submergent et auxquelles ils s'abandonnent avec volupté. Comme l'ours qui traverse le village furtivement, ou la taupe perplexe, on en vient à se demander si la terre ne se débrouillerait pas mieux sans l'humain et cette morale est servie au fil d'une narration savoureuse, d'un style allègre et d'une intrigue rebondissante.
On en parle : L'Indic n°9 |La Tête en noir n°149 |L'Indic n°23
Nominations :
Prix Arsène Lupin 2011
Citation
Je me demande comment je vais tuer ma femme alors que je devrais plutôt me demander pourquoi.