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Grand format
Inédit
Tout public
392 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-226-21877-3
Coll. "Thrillers"
Actualités
- 05/07 Prix littéraire: Résultats de mai et juin du Prix des lecteurs du Livre de poche
- 04/05 Édition: Parutions de la semaine - 4 mai
- 27/06 Prix littéraire: Sélection 2011 du GPLP
Les neuf membres* du jury du Grand Prix de la Littérature Policière viennent de délimiter la sélection 2011. Avec Alexandra Schwartzbrod, précédente lauréate française pour Adieu Jérusalem, comme chef d'orchestre ils ont ainsi choisi :
Romans français :
- La Rigole du diable, de Sylvie Granotier (Albin Michel, "Spécial suspense")
- Le Jeu du pendu, d'Aline Kiner (Liana Levi, "Policier")
- Trois jours à tuer, de Louis Lahner (Au diable vauvert)
- Les Visages écrasés, de Marin Ledun (Le Seuil, "Romans noirs")
- Alex, de Pierre Lemaître (Albin Michel, "Thriller")
- L'Enfant aux cailloux, de Sophie Loubière (Fleuve noir, "Thriller")
- Les Harmoniques, de Marcus Malte (Gallimard, "Série noire")
- L'Honorable société, de Dominique Manotti & D.O.A. (Gallimard, "Série noire")
- Les Yeux des morts, d'Elsa Marpeau (Gallimard, "Série noire")
- Conte d'exploitation, de Dominique Sigaud-Rouff (Actes sud, "Actes noirs")
- Le Mur, le Kabyle et le Marin, d'Antonin Varenne (Viviane Hamy, "Chemins nocturnes")
Romans étrangers :
- Le Signal, de Ron Carlson (Gallmeister)
- Il ne faut pas mourir deux fois, de Francisco Gonzales Ledesma (L'Atalante, "Insomniaques et ferroviaires")
- Cold in Hand, de John Harvey (Rivages, "Thriller")
- Redemption Factory, de Sam Millar (Fayard, "Noir")
- Le Léopard, de Jo Nesbø (Gallimard, "Série noire")
- Brasiers, de Derek Nikitas (Télémaque, "Entailles")
- Tijuana Straits, de Kem Nunn (Sonatine)
- Le Poète de Gaza, de Yishai Sarid (Actes sud, "Actes noirs")
- Les Leçons du mal, de Thomas H. Cook (Le Seuil, "Policiers")
- Avant d'aller dormir, de J. S. Watson (Sonatine)
- Savages, de Don Winslow (Le Masque, "Grands formats")
La délibération se fera le mercredi 21 septembre. À noter que la rédaction de k-libre a lu la grande majorité des livres sélectionnés, et peut ainsi vous affirmer que les choix du Grand Prix de la Littérature Policière sont de bonne facture. L'on constate un équilibre intéressant entre roman policier, noir et thriller sûrement dû aux goûts différents et assumés des membres du jury.
* Le jury 2011 est constitué de Dominique Choquet, Christine Ferniot, Pierre Lebedel, Alexandra Schwartzbrod, Philip Le Roy, Gérard Meudal, Georges Riében, Jean-Jacques Schléret & Alain Régnault.
Liens : Le Jeu du pendu |Les Visages écrasés |L'Enfant aux cailloux |Les Harmoniques |L'Honorable société |Les Yeux des morts |Conte d'exploitation |Le Mur, le Kabyle et le Marin |Le Signal |Il ne faut pas mourir deux fois |Cold in Hand |Le Léopard |Tijuana Straits |Le Poète de Gaza |Savages |Adieu Jérusalem |Alexandra Schwartzbrod |Philip Le Roy |Sylvie Granotier |Aline Kiner |Marin Ledun |Pierre Lemaitre |Sophie Loubière |Marcus Malte |Dominique Manotti | D.O.A. |Elsa Marpeau |Antonin Varenne |Ron Carlson |Michael Harvey |Jo Nesbø |Kem Nunn |Thomas H. Cook |Don Winslow
Les marques indélébiles des tortures
Avec Alex, et après d'autres romans impressionnants, Pierre Lemaitre commence à marquer de son empreinte le paysage policier français avec des récits construits comme des mécaniques de précision, faisant appel à l'intelligence de ses lecteurs tout en s'appliquant à présenter des personnages forts et dont la silhouette reste inscrite dans nos cerveaux.
Tout commence par un sanglant jeu de piste dans la lignée des thrillers américains : il faut retrouver une jeune fille kidnappée dans une rue et embarquée dans une camionnette avant qu'elle ne soit morte, et tous les fils qui pourraient conduire le commissaire Camille à y arriver se rompent les uns après les autres créant un suspense fort et prenant. Car au départ, un seul témoin a vu le rapt de cette inconnue par un inconnu. Si une minutieuse enquête permet de découvrir le kidnappeur, celui-ci se suicide, préférant taire l'endroit où il séquestre sa victime. Par contre on découvre sur lui des photos qui la montrent enfermée dans une cage. Une course contre la montre s'engage.
Comme dans ses précédents romans, Pierre Lemaitre excelle dans l'art du rebondissement et du changement de point de vue. Ce qui pourrait être là l'ensemble du roman, n'est que son premier tiers. Car, en parallèle, afin de renforcer les éléments de suspense, il y a les péripéties de la jeune fille dans sa cage afin de s'échapper alors que Pierre Lemaitre en tortionnaire chevronné ajoute des rats dans l'engrenage. Puis l'enquête bascule avec des découvertes qui montrent que la victime n'est pas si innocente qu'il n'y paraît et que le kidnappeur avait des raisons valables d'agir ainsi. La victime se transforme en tueuse en série et les perspectives ne cessent de se brouiller. C'est ainsi que tout l'art de la construction du thriller se révèle avec une maestria consommée. On suit une intrigue, qui nous installe dans les terreurs d'un personnage, ses doutes, puis soudain tout l'univers que Pierre Lemaitre a créé s'évanouit et se transforme en autre chose.
Avec sa propre sensibilité, il explore le suspense entre la terreur pure et la psychologie des personnages poussée à l'extrême, n'hésitant pas à rythmer le tout avec des scènes choc de torture. Le commissaire doit bien entendu en même temps que l'enquête résoudre ses problèmes personnels et il va s'apercevoir au cours de ses investigations qu'il a lui aussi utilisé l'héroïne-victime pour ses propres besoins. Qu'il n'est donc pas si éloigné que cela du "méchant". Il est également figure de l'auteur qui écrit ses livres et construit ses intrigues sur la douleur de ses personnages, sur leurs failles et leurs maux. Car Alex est un grand livre qui porte aussi sur la manipulation, sur la capacité de la victime à se retourner contre son bourreau, à utiliser ses propres faiblesses comme des armes, et en ce sens le lecteur est piégé de bout en bout.
Les rebondissements-retournements de situation deviennent des miroirs déformants où l'on se perd. De ce roman où les personnages sont presque tous à la lisière de la folie (et parfois du "mauvais" côté), et ceux qui apparaissent comme les plus rationnels sont peut-être ceux qui arrivent le mieux à masquer leurs démons intérieurs aux autres, ceux qui cachent le mieux leurs dérèglements dans les plis de la normalité et, du coup, ce sont bien eux, ces "innocents aux mains sales" qui s'avèrent être les plus dangereux.
On en parle : Alibi n°2
Nominations :
Grand prix de la littérature policière - roman français 2011
Prix Polar Michel Lebrun 2011
Citation
Alors elle voit. Derrière lui. Sur le sol, une perceuse électrique à côté d'une caisse en bois, pas très grande. De la taille d'un corps.