Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
450 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-919140-04-6
Coll. "Zones d'ombre"
Symphonie noire
Il ne fait pas bon être dans la tête de Laurent Fétis. C'est là un de nos auteurs de romans noirs qui manipulent le plus profondément nos perversions. Et dans Nocturne pour instruments divers, il nous entraine dans le domaine du porno à New York où des adolescents disparaissent mystérieusement. Jef, lui, est un journaliste parisien venu écrire une série d'ambiance sur la Grosse Pomme. Sujet vendeur car il va fouiller et ramener plusieurs enfants perdus dans la jungle des pédophiles violeurs d'arrière-salles de boites mal famées. Mais le mal rôde toujours et une nouvelle enquête le conduira aux bornes de la folie, au milieu d'un cannibalisme effréné ! C'est d'ailleurs là que se niche la trouvaille littéraire forte qui structure le livre : un an a passé mais les visions d'horreur hantent toujours Jef. Il faut vendre du contenu et son patron l'envoie de nouveau à New York où il s'aperçoit que son enquête a été un leurre, qu'elle cache quelque chose d'encore bien pire...
Tout le talent de Laurent Fétis explose-là : le retour sur les lieux de son enquête est contaminé par celle de l'année précédente, forte et violente, sans redites. Le passé et le présent s'interpénètrent - avec de forts accents de réalité comme lorsque le tueur est presque coincé car il a laissé s 'enfuir une proie qu'il récupère au milieu de la rue, faits divers réel -, pour montrer que le passé a été une suite d'erreurs, de fausses pistes, dans un registre très kafkaïen sans être une énième histoire de tueurs en série, seul ou travaillant pour un réseau caché sur Internet. La raison de Jef sombre peut-être, mais n'est-ce pas plutôt le monde qui est fou ? Snuff movies, dominatrices sado-maso, backrooms où le GBH permet de violer des enfants vomissant... La liste est malheureusement bien longue. Des personnes étranges viennent prophétiser aux oreilles de Jef qui bascule peu à peu dans un univers à la Cronenberg, logique, rendu rationnel par le force de l'écriture jusqu'à un final éblouissant qui déforme les perspectives, transformant une variation stéréotypée en une descente dans un cauchemar glauque. Et l'on se demande si finalement on a eu raison d'être dans la tête de Laurent Fétis.
Citation
J'ai chopé son coupe papiers et me suis ouvert les veines d'une caresse glacée. C'était bien plus facile que je ne l'aurais cru, passé la frontière de l'épiderme. Si on oublie la peur du picotement, on peut enfoncer la lame au plus profond.