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Le Paradis (ou presque)
Grand format
Inédit
Traduit de l'anglais (États-Unis) par André Roche
Paris : Le Seuil, mars 2011
366 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-02-094667-4
Coll. "Policiers"
Quarante millions et des emmerdes
Allô, Huston, on a un problème. C'est à peu de chose près la façon dont Hank Thompson pourrait apostropher à son créateur, Charlie Huston. L'auteur semblait avoir pris la résolution d'accorder au héros le droit à une vie tranquille sur les bords de mer mexicains après quelques aventures épiques vécues dans Increvable. C'était sans compter sur son esprit retors et sa volonté de faire payer à son personnage le fruit de ses méfaits accomplis dans ce premier opus. Il faut reconnaître que Hank est loin d'être un enfant de chœur. Il a tué plusieurs personnes et s'est enfui avec un magot de quarante millions de dollars dérobé à la mafia russe. Pas étonnant que celle-ci le recherche activement. Ce qui l'est, c'est de constater à quel point le héros attire les emmerdes comme le miel attire les ours. Si l'on ajoute sa propension à agir avant de réfléchir, ça donne une petite idée du pétrin dans lequel il peut se fourrer. Il aurait pu être peinard à se dorer sur sa plage mexicaine. C'est sans doute ce qu'il aurait continué à faire si un routier russe n'avait pas croisé sa route par hasard, si ce routier n'était pas de la famille russe qu'il a floué, et si celui-ci n'avait pas voulu lui soutirer une part du magot en échange de son silence. Se sentant acculé, il le supprime et se voit contraint de prendre de nouveau la fuite, entamant un road-movie mouvementé, avec à ses trousses pléthore de malfrats.
Charlie Huston entraîne le lecteur dans un périple qui n'est pas de tout repos. Il construit son récit sur un rythme soutenu et alterne dialogues déjantés avec une narration aux accents d'humour noir et corrosif. On se prend d'affection pour Hank, personnage de looser en quête d'une improbable rédemption tant ses actes vont à l'encontre du bon sens et pour lequel on assiste avec impuissance à la dure plongée dans les abîmes de la violence. En bon directeur de marketing, l'auteur nous offre un final en point de suspension et attise notre curiosité de découvrir les prochaines mésaventures de Hank Thompson.
Citation
Et je pousse Mickey dans les ruines de l'escalier est du temple de Kukulkan. Le premier sacrifice humain dans ces lieux depuis près de mille ans.