Djoliba, fleuve de sang

Le sorcier attira Margaret dans le cercle blanc et tourna autour d'elle sa coupelle en main, psalmodiant des phrases incompréhensibles. Le fait d'être seule avec le sorcier dans ce banal cercle tracé à la craie lui donnait l'impression d'être entourée de murailles.
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Roman - Policier

Djoliba, fleuve de sang

Politique MAJ vendredi 01 avril 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

Alain Wagneur
Arles : Actes Sud, octobre 2010
322 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-7427-9235-1
Coll. "Actes Noirs"

Entre clair et obscur : la Françafrique wagneurienne

Les occasions reviennent souvent dans l'actualité de reparler de la Françafrique. C'est un thème que les auteurs de polars, et eux seuls, d'ailleurs, ont pris l'habitude de dresser. Alain Wagneur a décidé de s'installer justement en utilisant le terme au sens propre puisque son enquête se déroule dans une première partie en France puis dans une seconde en Afrique, et que, symboliquement, les deux principaux morts du roman sont un homme blanc et un homme noir. C'est aussi pour l'auteur l'occasion d'un clin d'œil en forme de mise en abyme puisque l'enquêteur arrivé en Afrique collaborera avec deux policiers issus de l'imagination d'un écrivain local, Moussa Konaté.
Mais rien n'aurait pu se faire sans la rencontre de Richard, un policier qui traine sa mélancolie à Blainville avec un de ses anciens professeurs d'économie. Quelques jours plus tard, le professeur est retrouvé mort. Ce qui ennuie Richard, envoyé pour l'enquête, c'est la disparation de l'ordinateur portable du défunt. Par la suite l'on découvre torturé et assassiné l'ami de la victime...
Par delà le problème politique (observé avec finesse et qui n'encombre pas comme un étendard le roman), Alain Wagneur en profite également pour revenir sur un fait divers qui a défrayé la chronique : L'Arche de Zoé, cette mission humanitaire partie chercher des orphelins africains qui n'en étaient peut-être pas.
Les deux affaires se répondent à la fois sur Blainville et au Mali, et vont permettre de mieux comprendre les rapports difficiles entre la Métropole et ses anciennes colonies, mais sans juger de manière manichéenne car si l'exploitation continue, parfois déguisée sous des dehors humanitaires, l'ancien colonisé sait lui aussi abuser de ses congénères. C'est ainsi que l'un des personnages rencontrés dans le roman fait de la traite d'enfants mais vend aussi bien aux Blancs pour leurs vices qu'aux officiels africains qui veulent s'octroyer les bonnes grâces d'un chef par un sacrifice humain. Les côtés sombres du monde sont contrebalancés par l'humanité de Richard, policier fatigué de tout, revenu de la politique du chiffre, heureux de rencontrer ses collègues africains, empli d'humour et entier comme lorsqu'il peut arrêter un coupable et gagner des points cruciaux pour le commissariat dans cette nouvelle culture sarkozienne mais qu'il le laisse partir. Et ce sont ces demi-teintes qui créent l'humanité.


On en parle : Alibi n°2 |La Tête en noir n°148

Citation

Avec les Français, c'était toujours plus compliqué. Une question de principes : démocratie, droits de l'homme, justice et presse indépendantes, fonctionnaires incorruptibles. Du moins, en théorie

Rédacteur: Laurent Greusard vendredi 01 avril 2011
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