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240 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-35227-055-3
Coll. "Lunes blafardes", 18
East Vosges Blues
Récemment la revue 813 rendait hommage aux cent meilleurs romans policiers. Parmi eux, Nada qui bouscula le genre. Quarante ans ont passé et voilà que déboule un autre livre remettant au goût du jour les "dérives" ou les "ambitions" terroristes de changement de la société. Pierre Brasseur s'installe dans une description âpre du monde contemporain où les policiers sont veules, routiniers, lâches devant leur hiérarchie et n'hésitent pas à employer la torture ; les terroristes passent leur temps à se livrer à toutes les addictions possibles et ne rêvent plus de transformer la société mais de faire un geste qui les mettra de côté, en entrainant d'autres à faire de même. À cet égard, l'idéologue du groupe qui vit en autarcie dans une HLM finit en toujours en autarcie mais en prison. Il écrivait de la paperasse révolutionnaire en liberté, il écrit maintenant pour le gouvernement avec la même joie, ou absence de joie.
En arrière-plan s'agitent des journalistes crapuleux qui profitent du système, des politiciens contents que la prédiction de Jean-Patrick Manchette se réalise : le terrorisme d'État et le terrorisme révolutionnaire sont les deux mâchoires du même piège à cons. Et surtout, l'apathie de la population qui s'enfonce dans les dérives autoritaires de son président, et qui rêve de congés payés et de pavillons.
Même si, comme son ainé, Pierre Brasseur écrit avec une mise à distance salutaire, on sent chez lui une sympathie plutôt pour les foutraques dans leur combat désespéré. Pour désamorcer l'idéologie, il se lance régulièrement dans des mises en abyme intelligentes, reconnaissant son ignorance sur ce qui va arriver à un personnage ou au contraire ponctuant son récit de flash-forwards - c'est-à-dire annonçant à l'avance ce qui va arriver.
Du coup, Je suis un terroriste loin d'être une thèse plombante se lit plutôt avec une délectation légère, l'auteur maniant même un humour caustique de bon aloi, érigeant en apôtre du mal trois jeunes paumés qui commettent une série de crimes à Nancy ! Un humour d'actualité puisque les terroristes internationaux ne sont plus dans les palaces de Cuba ou de Tripoli, mais dans les épiceries de la France profonde... Une apologie du second degré lorsque, pour tuer un pauvre policier venu sur les lieux où les terroristes se sont retranchés, croyant avoir affaire à une dispute conjugale, meurt, abattu par un terroriste qui s'est installé dans La Position du tireur couché.
On en parle : L'Indic n°9 |La Vache qui lit n°120 |L'Indic n°11
Citation
Elle songeait déjà à repartir de France - n'y rester que le temps d'avoir des aides sociales et de prendre des photos de flics, de merde de chiens et de jardins vides, afin de montrer aux Sud-Américains la réalité de la France.